PARIS, 3 fév 2010 (AFP) - La France est favorable à l'interdiction du commerce international du thon rouge, au nom de la protection de l'espèce, avec cependant un délai de mise en oeuvre de 18 mois, a annoncé mercredi le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo.
"C'est une décision lourde (...) mais nécessaire", a déclaré M. Borloo au cours d'un point de presse avec son homologue de l'Agriculture, Bruno Le Maire.
De source gouvernementale, on souligne que ce délai de 18 mois a été arrêté pour permettre de nouvelles expertises scientifiques et "peaufiner un plan de sortie des flottes" de thoniers, afin de réduire les capacités de pêche.
Le président du Syndicat des thoniers méditerranéens, Mourad Kahoul, a vivement réagi, réclamant "une réunion d'urgence" avec le président de la République.
"Je suis en état de choc (...) On va vers une grosse crise", a-t-il averti.
De son côté, l'organisation écologiste Greenpeace a qualifié d'"absurde" le délai de 18 mois annoncé par le gouvernement, jugeant que cela revenait à "attendre qu'il n'y ait plus de thons rouges pour agir".
"On nous dit en substance: sauvons l'espèce, mais pas tout de suite!", a souligné François Chartier, chargé de campagne Océans, dans un communiqué intitulé "La France plie devant les pêcheurs tout en voulant sauver les apparences".
Le thon rouge est très prisé par les Japonais, acquéreurs de plus de 80% des prises effectuées en Méditerranée. Une interdiction du commerce international, suspendrait, de facto, sa pêche industrielle.
La principauté de Monaco a proposé à la Convention de l'ONU sur le commerce international des espèces menacées d'extinction (CITES) son inscription à l'"Annexe I", synonyme d'interdiction de sa commercialisation internationale.
Cette proposition doit être examinée en mars lors de la prochaine réunion de la CITES, à Doha.
L'Union européenne attendait la décision de la France -l'un des principaux pêcheurs avec l'Italie et l'Espagne- pour prendre une décision au niveau communautaire.
Selon l'Ifremer, les volumes des captures excèdent largement les taux autorisés et le potentiel de reproduction du stock.
Le stock de thon rouge a baissé en Méditerranée de 74,2% de 1957 à 2007 -dont 60,9% au cours des dix dernières années. Dans l'ouest de l'Atlantique, ils ont même plongé de 82,4% de 1970 à 2007, selon la principauté de Monaco qui a déjà réclamé une protection internationale de l'espèce.
Pour réagir à ce post merci de vous connecter ou s'inscrire si vous n'avez pas encore de compte.