Face au risque de piraterie, le marché français de l'assurance maritime offre des garanties uniques. Présentées lors des rencontres ParisMat les 28 et 29 juin, elles reposent sur une collaboration historique avec les pouvoirs publics et sur l'action de l'État en mer.
"Le golfe de Guinée est actuellement la zone maritime la plus dangereuse au monde", rappelle le centre français d'analyse et d'évaluation de la situation mondiale de la sécurité maritime (Mica). En 2020, 114 actes de piraterie y ont été enregistrés (111 en 2019) et 142 marins ont été enlevés.
"Depuis le début de l'année, les attaques sont en baisse. Au premier semestre, 32 ont été enregistrées avec 50 enlèvements", selon Gilles Chehab.
Pour le commandant du Mica, cette diminution s'explique "par les mesures prises par les États riverains et au niveau international". Cependant, la vigilance reste de mise car "les modes opératoires s'adaptent et peuvent évoluer très rapidement".
"Les risques de guerre et de piraterie sont multiformes et récurrents".
Dans le cadre de la mission Corymbe, la France dispose depuis trente ans d'un navire militaire dans la zone. Elle assure un suivi permanent de la situation sécuritaire en lien avec le Mica, les États riverains et européens.
"Cette collaboration internationale s'étend à d'autres zones maritimes dans le monde", explique Gilles Chehab. Cette surveillance sert à protéger et à sécuriser la navigation commerciale et de plaisance, et à informer les compagnies maritimes et les navires des dangers observés.
Couverture d'assurance
Pour Frédéric Denefle, directeur général du Groupement d'assurances de risques exceptionnels (Garex), les risques de guerre et de piraterie sont "multiformes et récurrents". Face à ces dangers, "l'État est un acteur historique de l'assurance maritime française" à travers la Caisse Centre le de Réassurance (CCR).
Cet engagement public est à l'origine des garanties d'assurance facultés et corps qualifiées d'uniques par les assureurs maritimes français en complément de leur politique de risque ordinaire (RO).
"Ces garanties sont limitées géographiquement et distinguent des zones de risque aggravé couvertes par un tarif adapté et pour une durée précise correspondant au temps de transit".
Elles peuvent également être étendues "au stockage des marchandises à terre", le système d'assurance français prévoyant une "présomption de rattachement d'un sinistre terrestre à un événement maritime".
Les zones à risque cartographiées
Pour savoir quels pays et quelles zones sont à risque, notamment maritime, le Comité d'études et de services des assureurs maritimes et de transport (Cesam) élabore depuis 2018 une notation basée sur plusieurs sources : OCDE, Coface, IHS, Euler Hermes...
"Avec note explicative, cette notation est mise à jour tous les trimestres ou ponctuellement en cas de changement exceptionnel", détaille Mathilde Docquiert, du service des relations extérieures du Cesam. Depuis le 1er juillet, le site internet du comité propose un accès gratuit à ces notations, ainsi qu'un fond de carte.