En pleine négociation pour une reprise des relations diplomatiques après des mois de tensions, le Maroc et l'Espagne sont à nouveau au bord d'une rupture diplomatique en raison de l'installation par le Maroc d'une ferme piscicole près des îlots Chafarinas, que l'Espagne occupe toujours.
Selon le média espagnol El Pais, le ministère espagnol des affaires étrangères a remis la semaine dernière une note de protestation au chef de l'ambassade du Maroc en Espagne pour protester contre l'installation du Maroc. Dans cette note, le ministère espagnol des affaires étrangères affirme que la ferme piscicole gérée par le Maroc "se trouve dans les eaux territoriales espagnoles" et ne dispose pas des "permis nécessaires".
Le gouvernement de Madrid envisage de prendre des sanctions contre l'entreprise espagnole qui a fourni et installé les cages marines pour l'entreprise marocaine qui exploite la ferme, rapporte El Pais.
Les îles Chafarinas sont trois petits îlots rocheux situés à environ trois kilomètres de la côte marocaine et à 46 kilomètres à l'est de l'enclave espagnole de Melilla, en Afrique du Nord.
Les îlots sont sous contrôle espagnol depuis 1847. Rabat considère que le territoire est occupé par l'Espagne, tout comme un autre minuscule îlot méditerranéen connu sous le nom de Perejil en Espagne. Le Maroc considère également que Melilla et l'autre petite enclave nord-africaine de l'Espagne, Ceuta, sont occupées.
Compte tenu de leur statut juridique contesté et de leur contiguïté avec les côtes marocaines, le Maroc ne reconnaît pas l'eau territoriale des enclaves espagnoles et de leurs îlots voisins. Malgré les tentatives de l'Espagne, depuis des décennies, de parvenir à un accord sur la délimitation des espaces maritimes entre deux pays dans cette zone, elle s'est heurtée au refus du Maroc. Par conséquent, il n'existe aucune délimitation territoriale entre les deux pays dans les zones contestées.
Selon El Pais, le gouvernement espagnol a tenté d'éviter les frictions avec le Maroc, dans le but de surmonter une crise diplomatique qui n'est pas encore définitivement close. Il n'est pas clair, cependant, quelles actions significatives le gouvernement espagnol a prises pour restaurer les relations diplomatiques. Moins d'un mois après le discours du roi Mohammed VI où il a tendu les bras à l'Espagne et signalé la volonté du Maroc de tourner la page des tensions, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a déclaré devant l'Assemblée générale des Nations unies à New York que son gouvernement avait agi sur la base de motifs humanitaires lorsqu'il avait décidé d'accueillir le chef du Polisario, Brahim Ghali, pour qu'il reçoive un traitement médical pour le COVID-19.
Les tensions entre le Maroc et l'Espagne se sont aggravées en avril lorsque le gouvernement espagnol dirigé par Pedro Sanchez a autorisé le chef du Polisario Brahim Ghali à entrer sur le territoire espagnol avec une fausse identité sous le nom de Mohamed Ben Battouche.
Rabat a exprimé sa colère face à la décision de l'Espagne, décrivant cette démarche comme contraire aux relations bilatérales et à l'esprit de coopération entre les deux pays.
Après des semaines de controverse autour de l'affaire du Ghali et une récente crise migratoire à Ceuta, le gouvernement espagnol a récemment exprimé son intérêt pour la reprise de relations diplomatiques normales avec le Maroc, affirmant que les deux pays devraient sauver leur partenariat essentiel et "ouvrir une nouvelle page" d'amitié.
Le gouvernement espagnol est satisfait du dialogue en cours pour mettre fin à la crise avec le Maroc après des mois de tension, selon les rapports de différentes sources espagnoles.
En août dernier, le roi Mohammed VI s'est dit satisfait du dialogue en cours entre les deux pays, affirmant qu'il suivait les consultations visant à résoudre les récentes vagues de crise sans précédent.