Après bientôt plus de quatre mois depuis le début de la crise qui a touché le premier Groupe National de Transport Maritime de Passagers, il semblerait bien que les jeux soient déjà faits. La campagne de Transit dont la date officielle de lancement est d’accoutumée le 1er Mai, risque de connaitre cette année une saison bien particulière.
Alors que le microcosme maritime national et international était suspendu depuis quelques temps à l’annonce de la solution providentielle qui devrait permettre à la compagnie maritime de payer ses dettes et à ses navires de reprendre la mer, aujourd’hui il semblerait que même si cette solution venait à être mise en œuvre dés demain, le retard pris à ce jour ne laisse aucune probabilité quant à sa capacité de pouvoir redresser la barre.
Il est évident qu’avec des navires désarmés depuis plus de quatre mois, avec un niveau d’entretien réduit au strict minimum et des équipages complètement démobilisés, qui ont subit un stress des plus intenses et un moral en dessous de zéro, il serait bien difficile de relancer la machine durant le peu de temps qui nous sépare du début de la campagne.
Alors que le compteur des dettes du groupe ne s’est pas arrêté avec l’immobilisation des navires, les salaires du personnel et des organismes de prévoyance sociale continuant à s’accumuler, les recettes du groupe pendant cette période sont inexistantes. Le Groupe risque en plus de rater également la haute saison durant laquelle les compagnies maritimes de transport de passagers réalisent une partie importante de leur chiffre d’affaires et leur trafic.
La crise du Groupe COMARIT-COMANAV FERRY semble de plus en plus devenir en tout point similaire à celle de la crise Grecque. Un niveau d’endettement excessif, des recettes au plus bas, des bailleurs de fonds fébriles et un manque de courage politique pour entreprendre les mesures nécessaires pour sortir de la crise.
Au final, la seule issue pour la crise grecque, même si elle est venue trop tard ce qui l’a rendu plus coûteuse d’ailleurs, a été que l’ensemble des intervenants ont accepté de passer à la caisse contraints et résignés pour sauver la zone euro qui a fait leur prospérité : les banques, les gouvernements européens, l’état grec ont convenu un plan de sortie de crise avec trois axes principaux : l’abandon de plus 50% des créances dues, le rééchelonnement du reste suivant un nouvel échéancier à moyen terme et enfin l’ouverture de nouvelles lignes de financements à court terme pour relancer l’activité génératrice de revenus.
Au Maroc, on se trouve également face au même dilemme, pour sauver la manne MRE, le gouvernement et les banques doivent sauver le Soldat COMARIT-COMANAV FERRY. Aujourd’hui, il est clair que le défi majeur auquel fait face le monde politique et économique tant au niveau national qu’international est bien celui de la gouvernance. La capacité de nos décideurs à apporter les bonnes réponses au bon moment face à un climat en perpétuel mutation devient le facteur déterminant à la réussite de tout projet.