SI ce qui reste de nos compagnies maritimes pouvait partir à la conquête de nouveaux ports; si elles pouvaient s’appuyer sur des grands groupes internationaux pour prendre leur envol; si ce secteur pouvait reconstituer sa flotte d’antan... avec des si et des si, on pourrait, comme Barbe noire dans le film Pirates des Caraïbes, mettre des bateaux en bouteille. La crise du transport maritime est un véritable gâchis économique. On en découvre la mesure aujourd’hui, l’on s’en doutait hier.
Dans ce secteur international par essence, il faut avoir les reins solides pour rester compétitif. Certains groupes familiaux s’ils ne sont pas morts par la crise, sont restés trop petits et trop isolés, et même pas rachetables faute de réorganisation. D’autres ne sont jamais arrivés à adapter leurs structures et s’inscrire dans une véritable culture de l’offre. Aujourd’hui, pour survivre dans l’industrie de la mer, il faut disposer à la fois de la puissance de frappe financière, de la compétitivité des ports et des avantages concurrentiels de la connectivité. Autant de facteurs sur lesquels les opérateurs n’arrivent pas toujours à influer.
Beaucoup de compagnies se sont laissé aller dans l’indolence des années fastes. Résultat : le pavillon national est en voie d’extinction. Dans le trafic Conteneur, certaines compagnies comme IMTC font figure de quasi intrus, tellement la domination internationale est écrasante.
La responsabilité n’est pas qu’individuelle.
Aucun gouvernement n’a actionné sérieusement quelques leviers qui auraient pu éviter le désastre: la fiscalité, des mécanismes de garantie pour solvabiliser le financement et, au-delà, soigner l’infrastructure. Que l’on puisse aujourd’hui se mobiliser quand une crise s’installe est compréhensible. C’est encore mieux de l’anticiper.
Edito de Mohamed BANABID Directeur de Publication de l’Economiste du jeudi 18 Juillet 2013