Liaison fixe Maroc-Espagne : une lumière au bout du tunnel

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Le bout du tunnel semble à portée de main pour le projet futuriste de liaison fixe Afrique-Europe, sous le détroit de Gibraltar. L’idée revient avec insistance auprès des instances des Nations unies, plus de trente ans après le lancement des études préliminaires sous l’impulsion des souverains du Maroc et d’Espagne.

 

Remis au goût du jour dans un contexte de regain d’intérêt pour le marché africain et ses opportunités encore inexplorées, le projet de tunnel sous-marin à double voie fait aussi rêver dans un Vieux continent mis à mal par la récession.

D’autant qu’en tout état de cause, c’est avant tout à l’Europe que profiterait ce chantier. Tel est le constat que dressent ses promoteurs marocains et européens, activement soutenus par le Conseil économique et social des Nations unies (Ecosoc) auquel tient à cœur de mettre toutes les chances de réussite du côté de ce chantier colossal.

À Genève, le conseil s’en est saisi à l’occasion de sa session de juillet, de sorte à montrer au monde entier que c’est la solution tout indiquée pour établir un lien fort et pérenne entre les systèmes de transport des deux continents, mais aussi et surtout pour livrer un message de rapprochement des peuples et des civilisations. Du point de vue stratégique, l’Ecosoc voit dans le projet «l’opportunité de faire émerger un hub intercontinental par excellence, grâce à sa position de porte d’entrée de la Méditerranée», fait-il valoir dans un rapport présenté vendredi dernier.

Toujours est-il que les États membres de l’Union européenne seront économiquement les premiers à en tirer avantage alors que le Maroc et l’Espagne, directement concernés par la future liaison, n’en bénéficieront qu’en second lieu.

Et à l’évidence, Bruxelles sait pertinemment que l’intérêt économique du projet est lié aux prévisions de trafic selon lesquelles deux tiers des passagers et trois quarts des marchandises qui vont transiter par le futur tunnel proviendraient des pays d’Europe.

Mais se pose la question de savoir à quel point l’Union pour la Méditerranée (UpM) sera en mesure de s’approprier la dynamique en cours et donner tout son sens et toute sa dimension au partenariat privilégié entre les deux rives qu’il n’a cessé d’appeler de ses vœux.

Entre-temps, le Conseil économique et social s’apprête à adopter, à l’issue de sa session annuelle, un projet de résolution demandant aux secrétaires exécutifs des Commissions économiques pour l’Afrique et pour l’Europe de contribuer activement au suivi du projet et de faire rapport à l’Ecosoc sur les progrès réalisés à ce sujet.

Le conseil s’était déjà félicité, dans une précédente résolution, de l’état d’avancement des travaux préliminaires et des forages profonds en mer, travaux qui ont donné, a-t-il affirmé, «un élan décisif à la reconnaissance géologique, géotechnique et aux études d’actualisation technique, économique et de trafic».

La distance qui sépare les deux continents au niveau du détroit de Gibraltar n’est que de 14 kilomètres, mais il s’est avéré nécessaire eu égard à la profondeur des eaux de construire un tunnel ferroviaire long de près de 40 kilomètres un peu plus à l’ouest.

Ce choix d’une liaison ferroviaire plutôt que routière s’explique par des raisons de sécurité, mais aussi d’environnement. Les conditions de réalisation sont plus complexes que pour le tunnel sous la Manche, ouvert en 1994, étant donné la perméabilité du plancher maritime dans cette zone.

Le projet est aujourd’hui géré par deux sociétés, l’une marocaine et l’autre espagnole, à la tête desquelles un comité mixte a été mis sur pied pour assurer le suivi des différentes étapes du chantier conformément à un programme de travail adopté en 2007.

Pour le Maroc et l’Espagne, une chose est sûre : la construction d’un tunnel sous la Méditerranée s’impose d’elle-même. Si le projet est mené à bon port, les deux royaumes ne tarderont pas à se placer au cœur des échanges commerciaux entre l’Europe et l’Afrique, avec des impacts indéniables en termes d’investissement, de création d’emplois et de richesse.

Reste à savoir si des pays européens économiquement en difficulté auraient de sitôt l’envie de franchir le cap sur ce projet tant attendu, pour qu’enfin ce qui semblait un rêve devienne réalité.

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