Le jeune franco-marocain Said Ben Amar a fait le départ, dimanche matin, à partir de Dakar pour faire la traversée de l'atlantique à la rame sur une distance de 4.700 km et signer ainsi la première performance arabe et africaine de cet exploit nautique majeur.
Dans une ambiance festive où plusieurs familles sont venues souhaiter bon vent à un des leurs engagé dans cette aventure, le coup de départ a été donné vers dix heures dans un éclat de joie. Les skippers ont donné les premiers coups de rame de cette traversée qui peut durer 45 jours, pour les plus rapides, à près de deux mois pour les moins véloces.
Le participant marocain, qui a pu venir à bout d'ultimes difficultés de dernière heure, a pris le large, drapeau marocain flottant sur sa petite embarcation qui bravera l'étendue de l'océan sur plusieurs semaines.
Juste avant le coup d'envoi de la course, Said livre ses sentiments d'enthousiasme et de montée d'adrénaline le jour du grand départ. Je me suis préparé à cette course trois ans durant, je me suis appliqué à mettre mes conditions physiques au plus haut et avoir un moral d'acier pour mener à bien cette aventure d'endurance où le mental joue un rôle déterminant, a-t-il dit.
Le benjamin de la course promet de se surpasser pour franchir la ligne d'arrivée à Cayenne dans un délai honorable afin de réussir son défi et récompenser de fierté tous ceux qui l'ont soutenu pour la réalisation de cet exploit.
Durant la longue traversée, Said doit s'accommoder d'aliments déshydratés en sachets et quelques fruits secs. L'eau, il doit la gérer judicieusement pour se désaltérer et une stricte toilette. Il embarque un petit appareil de désalinisation d'eau à utiliser avec forte modération pour préserver ses batteries alimentées par une petite plaque solaire qui doivent servir en premier lieu à alimenter son GPS et la signalisation du bateau monotype.
J'ai prévu d'alterner des heures de rame avec de fréquentes pauses pour récupérer et faire des exercices d'étirement musculaire. La nuit, 3 heures de sommeil devraient suffire pour se régénérer, souligne-t-il. Il s'agit surtout de bien gérer le potentiel d'énergie physique pour garder un bon rythme durant toute la période de la traversée.
Durant la course, Said sera en contact avec des personnes à terre qui devront localiser sa position, l'alerter des conditions météo et surtout l'orienter vers le cap à prendre pour tirer profit des courants marins.
La course "Bouvet Guyane 2012", organisée par l'agence "54 West" spécialisée dans les événements nautiques majeurs, est une traversée de l'océan à l'aviron, uniquement à la rame, sans accompagnement ni assistance.
Dès le départ, chaque concurrent navigue en solitaire, à sa guise et à son rythme. Les skippers doivent se débrouiller comme ils le peuvent pour franchir les difficultés où d'éventuelles pannes des équipements. En cas de détresse, un SOS est lancé par téléphone satellite et l'on attend qu'un bateau de passage soit dérouté sur la position du skipper. Une attente qui peut durer des jours vu l'étendue de l'océan.
Généralement, près de 60% seulement des participants parviennent à mener jusqu'au bout cette aventure. Des skippers de renom n'ont pu franchir la ligne d'arrivée. La troisième édition de cette course se distingue par la participation d'une femme qui tentera d'apporter une touche féminine à cette rude épreuve qui requiert un haut potentiel physique et moral.
Avant de se dissiper à l'horizon du grand bleu, le jeune skipper marocain a promis de donner de ses nouvelles du fin fonds de l'océan par des texto via la communication satellite. "Pour moi l'essentiel c'est de parvenir à faire la traversée, le podium à l'arrivée serait la cerise sur le gâteau", aime-t-il à répéter à la presse qui s'est particulièrement intéressée au benjamin marocain de cette grande épreuve