En ce jour triste et malheureux pour notre pavillon national et qui va connaitre certainement la vente d’une manière humiliante du fleuron de notre flotte marchande « LE MARRAKECH », symbole également de la gloire que fut jadis celle de nos officiers, je n’ai trouvé de mieux pour exprimer mon chagrin, qui traduit j’en suis sur, tout à fait, le sentiment de chacun à l’égard de la décadence constatée aujourd’hui de notre pavillon national, qu’un extrait des Mémoires de Guerre du Général De Gaulle.
« Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l’inspire aussi bien que la raison. Ce qu’il y a, en moi, d’affectif imagine naturellement la France, telle la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs, comme vouée à une destinée éminente et exceptionnelle.
J’ai, d’instinct, l’impression que la Providence l’a créée pour des succès achevés ou des malheurs exemplaires. S’il advient que la médiocrité marque, pourtant, ses faits et gestes, j’en éprouve la sensation d’une absurde anomalie, imputable aux fautes des Français, non au génie de la patrie.
Mais aussi, le côté positif de mon esprit me convainc que la France n’est réellement elle-même qu’au premier rang ; que, seules, de vastes entreprises sont susceptibles de compenser les ferments de dispersion que son peuple porte en lui-même ; que notre pays, tel qu’il est, parmi les autres, tels qu’ils sont, doit, sous peine de danger mortel, viser haut et se tenir droit. Bref, à mon sens, la France ne peut être la France sans la grandeur. »
Charles de Gaulle, Mémoires de guerre – L'Appel : 1940-1942 (tome I), éd. Plon, Paris, 1954 ; rééd. Pocket, 1999 (nouvelle édition 2007) 440 p. (texte intégral), (ISBN 2266095269 et 978-2-266-09526-6).
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