Karim Ghellab a eu à initier les réformes les plus impopulaires et les plus décisives pour conduire le Maroc vers la modernité : libéralisation des services portuaires, des services aéroportuaires, accord d’open sky avec l’Europe, réforme du Code de la route, instauration du permis à points et, last but not least, accélération du programme autoroutier national. Cet ingénieur des Ponts et Chaussées incarne toute une génération de Marocains bien formés à l’étranger et qui sont aux commandes depuis dix ans.
Les Afriques : Quel bilan faites-vous de la loi 15-02 de 2006 sur la réforme portuaire? Concrètement peut-on dire, cinq ans après, que nos ports sont aux normes ? Pourquoi la question d’une flotte marchande puissante n’est-elle pas considérée comme une nécessité de développement du pays ?
Karim Ghellab : Le gouvernement marocain a mis en œuvre cette réforme dans le but d’améliorer la productivité et la compétitivité de l’outil portuaire marocain. Cette réforme a permis, en priorité, de clarifier les rôles des différents acteurs opérant dans les ports, en séparant et distinguant complètement les missions régaliennes et de régulation des missions commerciales. Elle a aussi permis d’introduire l’unicité de la manutention et la concurrence intra et inter portuaire.
Sur le terrain, cette réforme, qui se met en œuvre dans des conditions de travail et de dialogue tout à fait satisfaisants, s’est d’abord traduite par la mise en place de l’Agence nationale des ports, organe de régulation du secteur, par la création de Marsa Maroc, qui a repris les activités commerciales de l’ancien ODEP et par l’introduction de la concurrence au niveau du port de Casablanca au moyen d’une convention de concession à SOMAPORT, manutentionnaire privé relevant du Groupe CMA-CGM.
Ces dispositions commencent à donner pleinement leurs fruits. Les retombées positives enregistrées sur les opérateurs économiques se sont notamment matérialisées par :
• la réduction du coût de passage portuaire (de 30% en moyenne pour les conteneurs) grâce à la simplification des circuits de facturation, la transparence dans les actions commerciales entre les différents acteurs de la chaîne logistique portuaire et le respect du tarif plafond fixé par l’ANP.
• l’amélioration de la qualité de service rendu aux navires et à la marchandise, grâce à la réalisation des rendements minima imposés aux opérateurs concessionnaires et contrôlés par l’Agence nationale des ports.
• l’amélioration de la sécurisation des ports grâce à une meilleure coordination des services concédés.
• l’amélioration de la productivité et de l’outil portuaire grâce à l’encouragement de l’investissement privé dans les infrastructures et l’exploitation.
Par rapport à la question de la flotte marchande, conscient aussi de la nécessité de disposer d’un transport maritime répondant aux besoins de l’économie nationale, le Maroc a procédé à une libéralisation progressive afin de s’adapter à un environnement marqué par une libéralisation internationale de ce secteur.
La concrétisation de cette réforme, par le biais d’un processus progressif de libéralisation de transport maritime de fret en lignes régulières, a levé des contraintes et a garanti aux chargeurs une diversité de l’offre de transport accompagnée d’une amélioration de la qualité de service et du délai d’acheminement de leurs produits aux marchés, à des taux de fret compétitifs, et ce dans la mesure où le marché a été également ouvert aux pavillons étrangers. Cette libéralisation a permis d’améliorer la desserte maritime du Maroc avec l’ouverture, depuis l’été 2007, de nouvelles lignes maritimes, principalement vers l’Europe.
Après 2007, de nouvelles lignes régulières de fret ont été initiées et d’autres ont été renforcées, ce qui porte le nombre total de lignes régulières à une trentaine (hors les dessertes du port de Tanger Med).
Exemples de lignes : Agadir-Port-Vendres, Agadir-Saint-Pétersbourg, Casablanca-La Spezia (renforcement), Casablanca-Barcelone-Gênes-Radès. Tanger Med est desservi par 48 services maritimes réguliers et relié à environ 120 ports internationaux.
Pour le transport de passagers, dans le cadre de la nouvelle réglementation (Cahier de charges), neuf lignes ont été initiées. Exemples de lignes passager : Tanger-Gênes, via Barcelone, Tanger-Tarifa (renforcement), Tanger-Barcelone-Livourne (novembre 2010).
Extrait des propos recueillis par Nadia Rabbaa du Journal Les Afriques.com
Lire l’intégralité de l’entretien : http://www.lesafriques.com/actualite/infrastructures-en-termes-de-connectivite-le-maroc-est-passe-de-la-77eme-place-mondiale-en.html?Itemid=89?articleid=29791
Karim Ghellab a eu à initier les réformes les plus impopulaires et les plus décisives pour conduire le Maroc vers la modernité : libéralisation des services portuaires, des services aéroportuaires, accord d’open sky avec l’Europe, réforme du Code de la route, instauration du permis à points et, last but not least, accélération du programme autoroutier national. Cet ingénieur des Ponts et Chaussées incarne toute une génération de Marocains bien formés à l’étranger et qui sont aux commandes depuis dix ans.