Au lendemain de la rupture de l'accord de pêche qui lie le Maroc à l'Union européenne et suite aux tentatives de reconduction dudit accord de part et d'autre, les positions des professionnels marocains de la pêche sont différenciées sur les conditions et l'impact d'une éventuelle décision.
Composée du secrétaire général de la confédération espagnole de la pêche, du président de la fédération andalouse des professionnels de la pêche et du vice-président de la fédération des pêcheurs du Maroc, "cette commission ne représente pas le secteur de la pêche maritime sur le plan national", a objecté vendredi M. Alalou dans une déclaration à la MAP.
"Les participants à ces négociations, côté marocain, ne représentent qu'eux-mêmes et leur action est motivée par des intérêts personnels", a-t-il estimé, notant que les négociations menées actuellement par cette commission "affaibliront la force de négociation" du Maroc au cas où un accord serait envisagé.
"Ces négociations sont empreintes de précipitation", les autorités marocaines n'ayant pas encore adopté une position officielle à ce sujet, a-t-il observé.
Et de souligner que l'ensemble des professionnels du secteur de la pêche "sont contre la reconduction de l'accord de pêche en ses termes actuels".
L'accord a engendré une "surexploitation" des pêcheries et une baisse constante des ressources halieutiques du Maroc, selon des statistiques établies par l'Institut scientifique, a-t-il averti, ajoutant que le secteur a besoin plutôt d'un plan d'aménagement pour toutes les filières de la pêche (côtière, hauturière et artisanale).
Kamal Sabri, président de la Chambre des pêches maritimes Atlantique Nord et membre de la confédération, fait le même constat relevant que les cinq dernières années ont été marquées par une baisse importante des captures. Pis encore, "on est menacé, d'ici 10 ans, d'épuisement de nos ressources".
Il a appelé, à cet égard, toutes les parties prenantes à tout mettre en oeuvre pour préserver cette richesse qui "n'a pas de prix".
Au cas extrême où une reconduction de l'accord s'avèrerait inévitable, poursuit M. Sabri, "il faut repenser ses termes dans le sens d'un renforcement de la coopération avec l'UE en matière d'infrastructures et de mise à niveau de la flotte, loin de toute exploitation directe de nos ressources".
Il propose, par ailleurs, que "les professionnels nationaux se chargent eux-mêmes et de l'exploitation et de la commercialisation des divers produits de la mer qui sont la propriété de tous les Marocains, à qui revient d'ailleurs de décider ou non la reconduction de l'Accord de pêche avec l'UE via le Parlement".
Réunie mercredi à Barbate (Espagne), la Commission mixte des professionnels maroco-espagnols de la pêche a, pour sa part, déploré le blocage du protocole de pêche entre le Maroc et l'UE en l'imputant à des "motifs politiques". Elle s'est prononcée pour son réexamen sur la base des seuls aspects techniques et économiques et a réaffirmé sa solidarité avec les marins pêcheurs des deux pays.
Selon un communiqué de la fédération de la pêche maritime et de l'aquaculture, qui représente la partie marocaine à ces négociations, les membres de la commission ont procédé à l'évaluation de l'impact de l'arrêt de l'activité des bateaux de pêche de la région de Barbate qui opéraient dans le cadre du partenariat entre le Royaume et l'UE aussi bien sur les armateurs espagnols que sur les marins des deux pays.
Y étaient présents le directeur général des ressources halieutiques et de l'aquaculture auprès du Secrétariat général de la Mer, Alejandro Polanco Mata, et Margarita Pérez Martin, directrice générale de la pêche et de l'aquaculture d'Andalousie.
Pour cette commission, la responsabilité de la rupture des négociations incombe aussi bien aux membres de la Commission européenne qu'aux membres du Parlement européen qui ont voté contre la reconduction du protocole de pêche.