Intersport, le nouveau dieu du stade

Commerce Exterieur
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 Surprise ! Cette coopérative est le premier ­distributeur ­mondial d’articles de sport.

Loin devant Décathlon ! Même en France, son bon sens commerçant dope ses résultats.

Sur un parking de la banlieue de Caen, la portière de son coupé Mercedes à peine claquée, Jacky Rihouet fixe l’horizon. «Par là, vous avez un Go Sport. Et dans cette direction, un énorme Décathlon, un monstre.» Il y a deux ans, c’est dans cet environnement a priori hostile que le président d’Intersport France a choisi d’ouvrir un magasin : un temple de 2.650 mètres carrés, rempli de ballons de foot et de chaussures de fitness, qui lui a demandé plusieurs centaines de milliers d’euros d’investissement. Même pas peur ? «Face à nos concurrents, nous ne manquons pas d’arguments», sourit notre homme, ­visiblement satisfait.

D’accord, Jacky Rihouet est déjà rodé : des magasins comme celui-là, il en possède quinze en Normandie et en Bretagne. Mais s’il a osé taquiner d’aussi près ses concurrents, c’est que derrière Intersport se cache une véritable machine de guerre : une coopérative internationale, leader de la distribution d’articles de sport dans le monde. Présent dans une soixantaine de pays, de l’Allemagne au Canada en passant par le Royaume-Uni, ce groupement de commerçants a encore affiché un chiffre d’affaires en hausse de 3% en 2012, à 10,5 milliards d’euros. En France aussi le réseau gagne du terrain, même si Décathlon reste de loin le leader.

 

Depuis 2010, ses ventes ont progressé de 15%, à 1,4 milliard d’euros, poussant sa part de marché à 14,6% en 2012. Une échappée favorisée par de multiples ouvertures : en trois ans, une cinquantaine de nouveaux points de vente sont venus compléter un parc de 640 magasins. Mais aussi par une étonnante progression du chiffre d’affaires au mètre carré, de 6,3%. «Comme Leclerc dans l’alimentaire, l’enseigne tire profit de son système coopératif, le plus performant en ces temps de crise», confirme Yves Marin, DG adjoint de la chaîne en 2007, devenu senior manager chez Kurt Salmon.

Car Intersport, c’est d’abord l’histoire d’une association réussie de petits commerçants. Tout a commencé en 1924, quand des détaillants indépendants ont créé une centrale d’achats commune et une enseigne, La Hutte, pour diffuser matériels et uniformes de scouts. En quel­ques décennies, le réseau a diversifié son offre et s’est mondialisé, s’unissant en 1968 à une dizaine d’autres groupements européens pour fonder cette coopérative internationale. En France, au début des années 2000, la déferlante de Décathlon, avec ses magasins géants et ses prix bas, aurait pourtant pu mettre un point final à cette jolie histoire. «D’un coup, les petites boutiques de centre-ville faisaient franchement vieil­lottes», raconte Olivier Dauvers, expert de la distribution.

Mais Intersport a réagi. D’abord en transformant ses échoppes en grandes surfaces de périphérie, puis en améliorant son organisation centrale. Désormais, chaque axe stra­tégique (marketing, achats…) est géré par un binôme composé d’un salarié et d’un patron de magasin. Le mariage de ­l’expertise et du bon sens du terrain. «Nous avons réussi notre révolution culturelle, résume Jacky Rihouet. De petits commerçants, nous sommes devenus des distributeurs.»

 Le 02/09/2013 à 06:30 Par  capital.fr

 

 

 

 

 

 

 

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