Le groupe Shell veut être associé au projet de développement de l’utilisation du gaz naturel à plus grande échelle au Maroc. Le producteur d'hydrocarbures anglo-néerlandais se dit intéressé pour accompagner le gouvernement dans l’approvisionnement en GNL et la mise en place du terminal gazier.
«Le ministre de l’Énergie Abdelkader Amara vient d’annoncer qu’une feuille de route sera dévoilée prochainement après consultation des partenaires privés et publics pour le développement de l’utilisation du gaz naturel au Maroc. J’espère que Shell sera invité à y participer avec l’ambition d’être un partenaire essentiel dans ce projet», a déclaré au journal «Le Matin» Mounir Bouaziz. Le vice-président de Shell pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord s’exprimait le 27 novembre dernier à Casablanca en marge de la conférence sur la transition énergique. «J’ai fait le déplacement au Maroc essentiellement pour suivre ce dossier», a-t-il ajouté.
Selon Bouaziz, Shell est tout indiqué pour être associé à ce projet. En 2012, le groupe a commencé à produire plus de gaz naturel que de pétrole. Le gaz naturel pèse aujourd’hui plus de 50% de sa production qui, elle, représente 40% de la capacité mondiale de GNL. «Shell est présent dans presque tous les projets de production de GNL au monde. Nous serions alors capables d’approvisionner le Maroc à partir des marchés de proximité comme l’Afrique de l’Ouest, les États-Unis, le Canada ou encore de Trinidad, dans le bassin atlantique. Shell a en outre aidé plusieurs pays à introduite le GNL dans leur économie et à développer des terminaux similaires à celui projeté par le Maroc. Je pense à l'Inde, au Mexique, à Dubaï ou encore au Koweït», soutient le vice-président pour la région Mena. D’après lui, à l’instar d’autres pays, Shell peut s’associer au Maroc avec des investisseurs locaux, publics ou privés, et assurer une «meilleure valeur ajoutée en termes d’intégration locale». Selon les milieux énergétiques, un partenariat public-privé serait envisagé dans le plan gazier marocain. Trois acteurs locaux seraient d'ailleurs bien positionnés : l’ONEE, qui représenterait l’État, Akwa Group et la Société nationale d’investissement (SNI) pour le privé. «Une fois les consultations autour de la feuille de route engagées, nous comptons relancer le projet Akwa Group-SNI pour la réalisation d’un terminal GNL. C’est cette feuille de route qui va déterminer quelle sera notre opportunité dans ce projet et comment opérer», nous a déclaré Rachid Idrissi Kaitouni, DG du pôle gaz chez Akwa Group. L’ONEE attend lui aussi la déclinaison de cette stratégie pour connaitre le rôle qu'il aura à jouer. «Nous attendons que le schéma soit défini pour savoir si l’ONEE sera un partenaire-opérateur ou uniquement un client pour alimenter ses centrales à cycle combiné», nous a révélé pour sa part Taoufik Laabi, directeur stratégie et planification à l'ONEE.
Contacté par nos soins, le ministre de l’Énergie a dévoilé sa vision globale. Selon Abdelkader Amara, nous sommes déjà à une consommation de plus de 1 milliard de m3 par an de gaz importé, en plus des 70 millions de m3 produits localement et qui sont consommés par quelques industries. Toutefois, la part du gaz naturel dans le bilan énergétique global reste faible, aux alentours de 5%. Le renforcement du gaz naturel dans le mix-énergétique du Royaume requerra, selon le ministre, la réalisation des infrastructures portuaires de réception (terminal de regazéification), de transport, de stockage et de distribution. De même qu'un cadre légal, réglementaire et institutionnel pour favoriser le développement du gaz naturel et assurer la visibilité nécessaire au marché et aux consommateurs.
«Ainsi, nous espérons, dans le cadre de la feuille de route en cours d’élaboration, que les travaux de construction du terminal d’importation de GNL démarrent le plus tôt possible. Il faut souligner que la construction des infrastructures nécessaires prendra environ 5 à 6 ans.
Délivrer les premiers mètres cubes à partir du terminal GNL à l’horizon 2021 est possible, mais ceci demandera de franchir un certain nombre de jalons clés qui seront identifiés et déterminés en concertation avec l’ensemble des acteurs et intervenants concernés, publics comme privés», a déclaré le ministre.
Sur le plan législatif, un projet de loi sur le gaz naturel est déjà élaboré et est en cours de stabilisation. Il a pour objet de régir le marché gazier national, qui comprend les activités d'achat de gaz naturel, de gestion d'un terminal GNL ou autre infrastructure d'importation de gaz naturel, de stockage, de transport, de distribution et de commercialisation sur le territoire national. Il a également pour objet d'assurer l'adéquation de l'offre avec la demande des consommateurs, tant en quantité qu'en qualité, à des prix compétitifs et dans le respect de l'environnement, souligne M. Amara. Ce dernier confirme que c’est le port de Jorf Lasfar qui est retenu pour l’implantation du terminal.
Par Le MATIN Le 30/1/13
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