Maroc : Les mille et une misères de l'écosystème aéroportuaire et du transport aérien

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Les compagnies aériennes du monde entier continuent de faire les frais de la pandémie de coronavirus sous toutes ses formes, que ce soit en termes d'emplois ou, plus globalement, d'opérations.

Au Royaume, après 14 mois de crise, rien de nouveau sous le triste soleil du secteur du transport aérien marocain, toujours privé de destinations, de passagers et d'avions.

Tous les écosystèmes, liés au ciel, aéroportuaire sont portés par l'ONDA, le tourisme (ONMT et département de tutelle), le transport aérien (RAM, Air Arabia...), l'industrie aéronautique (diverses joint-ventures Nouaceur).

Que l'on puisse crier haro sur Lady Covid et alerter sur la situation économique catastrophique, rien ne changera quant à un réel besoin et, dans l'immédiat, à un soutien de grande ampleur, sinon... En bref, pour relancer la reprise, il sera indispensable que le secteur du transport aérien redevienne viable, ce qui, pour l'instant, n'est pas le cas au regard de la situation dans laquelle il patauge.

Alors que la pandémie se propage tranquillement dans le monde et que le nombre de voyageurs reste au plus bas, les transporteurs et les aéroports sont toujours en difficulté et les cris d'alarme se succèdent dans le secteur annonçant, soit des licenciements, soit une réduction du trafic, soit un sauvetage inopiné, soit une clé sous le paillasson...Globalement, en termes de demande de passagers, c'est un retour au niveau de 1998, soit une baisse de 66% par rapport à l'avant-crise.

"Avant la crise", déclarait l'Association internationale du transport aérien (IATA) il y a un mois, "nous avions près de 30 000 liaisons internationales uniques entre aéroports. Aujourd'hui, nous en avons environ 12 000.

Et la densité de ces liaisons est devenue beaucoup plus fine. Avant la crise, la route moyenne était desservie par environ 43 vols par mois. Aujourd'hui, elle est desservie par environ 20 vols par mois, et même pas tous les jours.

La perte massive de connectivité a déprimé les économies du monde entier, entraînant essentiellement l'arrêt du tourisme international, des conventions, des expositions et autres, ainsi que des vols. C'est dire à quel point la lie est proche d'être avalée.

C'est que le Covid-19 continue d'être une tragédie mondiale. Et ce qui s'est passé dans l'aviation au cours des 14 derniers mois n'est rien de moins que catastrophique. Pourtant, ce n'est pas faute de soutien financier de la part des gouvernements aux compagnies aériennes mondiales (plutôt nationales).

Ils ont fourni des liquidités vitales et d'autres mesures d'aide (injections directes de liquidités, allégements fiscaux, garanties de prêts...) pour tenter de préserver le secteur, qui, à de rares exceptions près (en interne en Chine ou aux États-Unis...), ne s'est toujours pas redressé. Au total, en mars dernier, le soutien mondial était évalué à plus de 225 milliards de dollars US.

La Royal Air Maroc (RAM), qui a perdu quelques plumes, est l'un des bénéficiaires de ce soutien. La mise à disposition de fonds par le gouvernement marocain, qui ne semblait pas vraiment comprendre le traitement économique et social de la crise du transport aérien, lui permet de survivre non sans danger.

En contrepartie d'un apport ou d'un soutien, selon les banques, de 6 milliards de dirhams (en deux tranches de 2,5 milliards de dirhams et 3,5 milliards de dirhams), le management de la RAM s'engage à une série d'actions souvent douloureuses pour apporter des changements dans sa gestion ou son exploitation routière.

Aussi, il a accepté une action d'austérité drastique comprenant la vente de plusieurs de ses avions, un départ volontaire et plus dramatiquement le licenciement économique dont le personnel navigant a payé un lourd tribut. Ce plan aura néanmoins permis d'économiser plus d'un milliard de dirhams de dépenses d'ici 2020.

Mais est-ce suffisant pour se refaire une santé sachant qu'au niveau de ses destinations, notre compagnie nationale a été alourdie par nombre de ses dessertes comme celles du Vieux Continent, qui était autrefois un pain quotidien et dont on a dû se séparer par la force des choses et Dame Covid.

Plus aucune escale en Europe n'est désormais desservie. On ne voit la compagnie nationale que lors de quelques rares escales en Afrique (Dakar, Abidjan, Nouakchott...), en Arabie Saoudite à Djeddah, aux Etats-Unis à New York, au Canada à Montréal et sur les vols intérieurs où de nombreux aéroports ont vu leur trafic diminuer en conséquence, comme Marrakech, Agadir ou Tanger.

Avec 120 032 passagers accueillis en mars 2021, le trafic aérien domestique enregistre une régression d'environ -52,77% par rapport à mars 2019 et -1,74% par rapport à mars 2020.

Par ailleurs, l'écosystème aéroportuaire, sans trop crier ou vraiment, attend des gestes ou des actions concrètes de la part de l'exécutif qui pourraient atténuer ses souffrances. Et pour cause ! Tous les voyants sont au rouge si l'on se fie aux chiffres.

Nos aéroports ont enregistré jusqu'en mars 2021, un volume de trafic commercial de passagers de 400 863 passagers contre 941 790 passagers en mars 2020 et 2 066 199 passagers en mars 2019, soit une baisse d'environ -57,44% et -80,60% respectivement.

L'aéroport Mohammed V, une référence en la matière et qui représente près de la moitié du trafic mondial de passagers, a connu au cours du même mois, une baisse de -42,62% par rapport à mars 2020 et de -75,89% par rapport à la même période de 2019, soit 192 610 passagers contre 798 972 passagers reçus en mars 2019 et 335 675 passagers reçus en mars 2020.

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