Zoubida Bouayad :«il faut interdire la cigarette électronique

Zoubida Bouayad est parlementaire USFP (Union socialiste des forces populaires) et présidente de l'association SOS tuberculose et maladies respiratoires qui milite contre le tabagisme. La parlementaire s’insurge que la loi interdisant de fumer dans les lieux publics n’ait toujours pas vu le jour. Elle milite aussi contre la chicha dont la consommation s’est banalisée au sein de la jeunesse et même contre la cigarette électronique vendue couramment et à grand renfort de publicité depuis quelques mois au Maroc. Un constat renforcé par les derniers chiffres sur la consommation des produits du tabac au Maroc, où on apprend par exemple que 30% des étudiants en médecine se sont essayés à la cigarette. 

 
Ou en est-on sur la législation contre la consommation de tabac au Maroc ? 
En premier lieu, il y a le fait que le Maroc n’ait toujours pas ratifié la convention internationale de lutte contre le tabagisme qui date d’avril 2004. Il n'y a plus que nous et deux ou trois pays africains qui restons à la traîne. Cette convention trace les grandes lignes de la législation que devraient adopter les pays pour combattre le tabagisme : surveillance du phénomène, interdiction de fumer dans les lieux publics, lois organisant la fabrication et la commercialisation des produits du tabac, etc. Pourtant la nouvelle constitution est très claire et pousse vers l’adoption de la réglementation internationale.
Autre problème : le Maroc s’est doté d’une loi interdisant de fumer dans les endroits publics en 2008 qui n’a toujours pas été publiée au bulletin officiel. Et pour cause : cette loi est désormais désuette au regard de la législation internationale. C’est pour cela qu’en 2011 j’ai été à l’initiative d’une loi similaire à celle-là mais conforme avec les conventions internationales et qui intégre en plus d’autres fléaux, comme la chicha. Le gouvernement ne semble toujours pas favorable à cette proposition.

Pourquoi à votre avis de telles lois tardent-elles autant à voir le jour ? 
C’est à cause du lobbying puissant des fabricants de cigarettes. Ils mettent en avant le fait que les produits du tabac rapportent à l’Etat beaucoup d’argent (10,6 milliards de DH, ndlr). Nous ne disposons pas de statistiques précises à ce niveau, contrairement à d’autres pays, mais je peux vous dire que le coût sur la santé publique dépasse largement ces recettes. Nous notons de plus en plus de cas d’asthme, de problèmes pulmonaires, de cancers, etc.
 
Vous appelez aussi à l’interdiction de la chicha. Jusque-là, nous assistons à des campagnes sporadiques de saisies qui ne reposent pas sur des lois…
La Chicha est un danger pour la jeunesse de ce pays et justement, aucune loi n’existe. Ma proposition de loi y remédie. Il faut complétement bannir la chicha qui en plus d’être plus dangereuse que la cigarette et parfois mélangée à des substances comme l’eau de vie qui remplace l’eau qui est mise dans le réservoir. Sans oublier les comportement qui vont avec dans nombre d’endroits : prostitution, détournement de mineurs, etc.
 
Vous avez déclaré au parlement, à l’occasion d’une question orale au ministre de l’Intérieur, qu’il faut interdire la cigarette électronique. Pourtant, ce dispositif est poussé par plusieurs pays comme palliatif moins dangereux pour remplacer les produits du tabac… 
Aucun pays ne recommande l’usage de la cigarette électronique et près de 10 pays l’interdisent. Il y a dans ce produit des substances dangereuses et en plus un risque d’initiation au tabagisme. Je suis pour son interdiction. Il est intolérable de voir des panneaux de publicité tapisser nos villes et ces cigarettes électroniques vendues dans les artères principales, les aires de repos et même les gares.

h24info.ma / Publié le 25/11/2013