En fait, en raison de la position géographique du Maroc, le transport maritime est d’une grande importance stratégique tant pour la création de l'emploi, les recettes économiques en devise ou encore l’indépendance du commerce extérieur.
Dans les années 70-80, alors sous tutelle du Ministère de la marine marchande et de la pêche maritime, le secteur a atteint son apogée avec une flotte de 66 navires battant le pavillon marocain et qui assurait une part considérable du commerce extérieur du pays. Ce résultat fut acquis grâce à une vision politique de l’Etat qui tablait sur la protection et l’encouragement des armateurs marocains.
Toutefois, la flotte marchande a connu une décadence depuis la libéralisation du secteur en 2007, la marine marchande fut alors rattachée à une direction et non plus à un ministère. Ce qui a causé la disparition de plus de 6000 postes de travail soit une perte de 600 millions de DH par an. Le fret maritime payé par les différents acteurs économiques à des compagnies étrangères équivaut à 45 % de la facture totale de l’énergie du pays soit plus de 27 milliards de DH par an et un déficit de la balance commerciale de 15 milliards de DH en 2019.
Dans la crise de santé mondiale que nous traversons actuellement, celle de la pandémie COVID -19, seul le transport maritime continue à assurer 98% des échanges extérieurs du pays, garantissant ainsi la sécurité des approvisionnements essentiels en matières premières et alimentaires. Cette opération est évidemment effectuée par des armateurs étrangers, sans lesquels le pays aurait été isolé et son économie étouffée. Dès lors, il paraît impérieux et vital de se doter d'un armement national permettant au pays de servir de façon constante et régulière le commerce intérieur/ extérieur.
L'importance de la mer devrait s'imposer à nous, d'autant plus qu'on comprend enfin son rôle primordial face à des crises telle que la pandémie du COVID-19 et d'autres probables dans le futur. L'enjeu est de lancer avec succès une réforme législative, réglementaire, fiscale et sociale dans le secteur maritime afin de ressusciter le pavillon national et de sauvegarder et soutenir les compagnies marocaines existantes actuellement. Le défi de l'Etat, régulateur du domaine, est de favoriser les opérateurs nationaux, de les accompagner pour faire face aux enjeux mondiaux, d'inciter aux investissements maritimes et de faciliter l'acquisition de navires adéquats.
Dans l'attente d'une entrevue que vous voudriez bien nous accorder en vue de vous faire part de la vision des officiers, professionnels et experts dans le domaine maritime, susceptible de contribuer à la relance et au développement de la flotte de la marine marchande, nous vous prions de croire, Monsieur le ministre, en l'expression de nos sentiments les meilleurs.