Transport maritime : la pénurie de conteneurs menace la stabilité du commerce extérieur au Maroc

Commerce Exterieur
Typography

À l'instar d'autres pays, le Maroc est confronté à une perturbation totale du marché maritime en provenance et à destination de l'Asie. Les conteneurs deviennent une denrée rare, ce qui se traduit par une augmentation vertigineuse du coût du transport maritime, car les armateurs ont dû privilégier l'axe transpacifique, qui est à leurs yeux beaucoup plus rémunérateur.

Les transitaires décrivent une situation sans précédent. Certains armateurs annoncent des tarifs allant jusqu'à 10 000 S par conteneur de 40 pieds pour certaines destinations (le double, voire le triple des tarifs appliqués avant la crise).

"Ces augmentations restent inacceptables et menacent la stabilité du commerce extérieur de notre pays", dénonce Rachid Tahri, président de l'Association des transitaires au Maroc (AFFM) et vice-président de la Fédération des transports et de la logistique de la CGEM. Cherchant à maximiser leurs profits, les armateurs ont tendance à diriger les conteneurs vers les zones où la demande est la plus forte. Naturellement, l'Asie et surtout la Chine connaissent une augmentation considérable du trafic liée au début de la reprise de l'activité après plusieurs mois de confinement.

L'augmentation des taux de fret devrait avoir des répercussions sur la compétitivité des exportations marocaines. De même, elle aura un impact direct sur les importateurs qui ne sont pas tous en mesure de payer les augmentations qui leur sont imposées par les armateurs.

Face à cette situation, le président de l'AFFM lance un appel aux autorités marocaines pour trouver une solution à ce problème qui risque d'affaiblir les entreprises d'import-export, notamment les PME. Tahri n'exclut pas des perturbations dans certaines unités de production en raison de la pénurie de conteneurs. Une grande partie des exportations concerne des produits périssables. Tout retard de livraison pourrait causer de graves dommages et affaiblir notre compétitivité sur le marché mondial", souligne le président de l'AFFM.

De même, au niveau des importations, tout retard dans la livraison de certains produits (par exemple les équipements automobiles) est susceptible de perturber la production des grandes entreprises industrielles.

La flambée des taux de fret aura également un impact direct sur la balance des paiements. Selon les simulations réalisées par l'AFFM, en partant d'un effectif de 1 100 000 conteneurs, dont 40% partent vides à l'exportation, et en supposant un supplément de S1 000 pour les 660 000 conteneurs restants, la situation actuelle devrait entraîner une sortie supplémentaire de devises étrangères d'environ 660 millions de S pour l'année 2020.

Les transitaires ne comprennent pas les raisons de la pénurie de conteneurs et ont du mal à expliquer la situation à leurs clients. "Nous offrons au client un prix un mois à l'avance. Comment pouvons-nous revenir plus tard et leur dire que ce prix a triplé entre-temps, sans aucun préavis", ajoute M. Tahri. L'AFFM met en garde contre le risque de laisser la chaîne logistique du transport maritime tomber sous le contrôle dominant des grands armateurs du monde. Ces derniers imposent leur présence à différents stades de la chaîne logistique maritime en créant des filiales spécialisées dans le transit douanier, le transit de fret, le commissionnement de transport international, etc. L'AFFM met en garde contre le risque de laisser la chaîne logistique du transport maritime tomber sous le contrôle dominant des grands armateurs mondiaux.

"La situation actuelle devrait mettre la puce à l'oreille des autorités de contrôle pour préserver l'équilibre de l'écosystème du commerce extérieur. Il est temps de repenser l'organisation de ce marché, car il s'agit de préserver les intérêts économiques de notre pays*, conclut le président de l'AFFM.

Pour réagir à ce post merci de vous connecter ou s'inscrire si vous n'avez pas encore de compte.