Au Brésil, l'avenir du distributeur CBD fait débat

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Le PDG de Casino, Jean-Charles Naouri, devait rencontrer hier soir à Sao Paulo le président de la BNDES, banque publique censée financer la fusion des activités brésiliennes de Carrefour avec CBD. Le conseil de Carrefour s'est prononcé dimanche en faveur de l'opération.

En arrivant hier à Rio de Janeiro, où il devait rencontrer en fin de journée Luciano Coutinho, le président de la Banque nationale brésilienne de développement économique et sociale (BNDES), Jean-Charles Naouri a dû trouver quelques motifs de satisfaction à la lecture de la presse locale. Avant d'embarquer, le PDG de Casino avait en effet appris que le conseil d'administration de Carrefour s'était prononcé, dimanche soir, en faveur de la fusion des activités brésiliennes du distributeur français avec CBD, le numéro un local dont Casino détient le cocontrôle avec la famille Diniz. Un projet qui selon Casino, aurait été mené « dans le cadre de négociations  illégales » .

Levée de boucliers dans la presse

Si les déclarations récentes du patron de la banque publique brésilienne, qu'il devait rencontrer dans la soirée, pouvaient déjà le réassurer sur l'absence d'hostilité à son égard (« Les Echos » d'hier), Jean-Charles Naouri a aussi pu mesurer dans les journaux brésiliens la levée de boucliers suscitée par ce projet. Ainsi, dans le quotidien « Folha de Sao Paulo », daté du 2 juillet, une étude réalisée auprès de 196 fournisseurs brésiliens des chaînes de distribution locales par une organisation patronale de l'Etat de Rio de Janeiro indique que « 12,6 % seulement des industriels interrogés disent que la fusion entre Carrefour et GPA [le nom commercial de CBD, NDLR] serait bénéfique pour le pays ».

La porte-parole de l'Association brésilienne de défense des consommateurs (Proteste), citée par « Jornal do Brasil », s'inquiète-elle du fait que « quand on a une concentration très forte et une réduction du marché, il y a moins de choix pour le consommateur et les prix ne lui sont pas toujours favorables ». Au-delà de ces réactions institutionnelles, s'ajoutent celles de certains politiques, universitaires ou encore éditorialistes, comme la journaliste Miriam Leitao, du grand quotidien « O Globo », pour qui l'idée de cette fusion « est mauvaise pour les consommateurs, pour les contribuables et pour l'économie ». L'hebdomadaire « Veja », lui, s'affirme comme inconditionnel soutien d'Abilio Diniz.

Cela n'a pas empêché le distributeur français de rappeler hier dans un communiqué que ce projet ne pourra aboutir sans l'accord du PDG de Casino, au travers de « l'approbation unanime du conseil d'administration de Wilkes [le holding de cocontrôle de CBD, NDLR] ». Or le groupe considère, dans ce même communiqué, ce projet comme « une opération engagée de manière hostile ».

Ce que les porte-parole de Carrefour et Blue Capital, son premier actionnaire, s'attachent à démentir. « On a toujours dit que cette opération était conditionnée à un accord entre Abilio Diniz et Jean-Charles Naouri », martèlent-ils. Un accord qui semble, plus que jamais, hypothétique, Casino ayant annoncé, hier aussi, avoir engagé « une seconde procédure d'arbitrage à l'encontre du groupe Diniz, suite à la proposition présentée le 28 juin 2011 simultanément à CBD et ses actionnaires ».

"Article paru sur les Echos le 5/7/2011"

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