La production moyenne annuelle est de 11 000 tonnes sur les 5 dernières années. Le Haut commissariat gère par adjudication publique la récolte et la vente du liège dans les domaines forestiers. Ce produit rapporte chaque année 68 MDH dans les caisses des communes concernées et de l'Etat.
Elle ne représente peut-être pas un pan extrêmement stratégique de l’économie marocaine mais, depuis des décennies, la filière du liège réussit à maintenir son activité malgré la constante concurrence des matériaux non naturels tels que le plastique. Réglementée par le Haut commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLCD), la récolte de liège se fait chaque année dans pratiquement les mêmes proportions que les années précédentes sur les domaines forestiers. Seules les conditions climatiques peuvent influer légèrement sur le volume récolté. «Au cours des 5 dernières années, le volume moyen annuel récolté est de 11 000 tonnes. La récolte peut atteindre 15 000 tonnes quand l’état sanitaire des forêts le permet et que les conditions climatiques propices à la levée du liège (décollement sans blessure pour l’arbre) sont favorables», indique Driss Baba, chef de la division de l’économie forestière au HCEFLCD.
Chaque année, le Haut commissariat lance des appels d’offres relatifs à la récolte du liège sur les chênes appartenant au domaine forestier national, qu’il s’agisse de forêts artificielles ou naturelles. C’est un marché de 25 MDH que convoite la cinquantaine d’entreprises qui opèrent dans ce domaine. «Pour permettre au plus grand nombre de participer à la récolte et éviter ainsi les positions de monopole, les appels d’offres sont organisés par lots et par volume», poursuit M. Baba. En plaine, la période de récolte s’étend en général du 15 mai au 15 juillet alors qu’en montagne elle est décalée d’un mois pour aller du 15 juin au 15 août. Deux semaines avant le début de la récolte, des tests sont réalisés pour s’assurer de la montée de sève. Celle-ci permet en effet un meilleur décollement du liège de l’arbre. Il faut compter entre 8 et 12 ans pour que le liège «repousse» sur l’arbre. Les exploitations sont donc divisées en parcelles et près de 2000 ha sont replantés chaque année dans le cadre d’un programme de reboisement.
Dix unités de transformation d’une capacité de 30 000 tonnes sont en activité
Une fois récolté, le liège est entreposé dans des dépôts administratifs des domaines avant d’être revendu aux sociétés de transformation. «Au cours des 5 dernières années, les ventes ont rapporté en moyenne 45 MDH par an. Cette somme est versée aux communes sur les territoires desquels la récolte a été réalisée. 40 communes rurales en ont ainsi bénéficié», ajoute M. Baba. A cela s’ajoutent les frais et taxes dont les sociétés s’acquittent au profit de l’Etat et des provinces. Au total, les recettes s’élèvent à 68 MDH, dont une petite partie est reversée au Haut commissariat.
Les unités de transformation de liège au Maroc, au nombre de 10, disposent d’une capacité de 30 000 tonnes par an, soit 3 fois la production actuelle des forêts du pays. Tout de même, près de 1 000 personnes sont employées dans ces unités, dont les 2/3 en permanence. En 2012, 12000 tonnes ont été récoltées, dont 95% exportées, principalement au Portugal et en Espagne, après transformation en produits semi-finis et finis. Le chiffre d’affaires moyen annuel à l’export s’élève à 200 MDH.
Localisées dans les régions du nord du Maroc, les forêts de chêne-liège s’étendent sur 377 000 ha, ce qui représente 6,5% des forêts naturelles du Maroc, 4,2% du domaine forestier et 15% de la superficie mondiale estimée à 2,6 millions d ’hectares, lesquels sont répartis entre 7 pays de la Méditerranée occidentale. Le Portugal, l’Espagne, la France et l’Italie concentrent les deux tiers. Le reste est partagé entre l’Algérie, la Tunisie et le Maroc, leader du Maghreb en la matière. Espèce endémique aux latitudes méditerranéennes, le chêne-liège n’est d’ailleurs pas aisément transposable dans d’autres régions du monde.
A noter également que les forêts de chêne-liège permettent la production de quelque 5 000 tonnes de glands, 8000 tonnes de bois de feu, 24 millions d’unités fourragères par an ou encore quelque 40 tonnes de truffes blanches et de champignons.
Anne-Sophie Martin. La Vie éco/le 29/11/13
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