L’Accord de libre-échange continental africain (AfCFTA) et le système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS) portent la promesse d’un marché unique africain et de paiements transfrontaliers fluides. Mais une question demeure : comment accélérer les échanges commerciaux si les marchandises ne circulent pas plus vite ?
Aujourd’hui, près de 45 % du PIB africain transite par seulement 15 mégapoles côtières. Pourtant, le transport maritime entre ces villes reste souvent plus lent et plus coûteux que l’envoi de marchandises vers l’Europe.
La solution envisagée : une flotte africaine de navires légers
Un scénario se dessine : la mise en place de navires africains de petit tonnage dédiés au fret, opérant sur des routes circulaires régulières (bi-hebdomadaires) reliant les principaux pôles du continent :
Corne de l’Afrique ⇄ Cap ⇄ Golfe de Guinée ⇄ Dakar ⇄ Tanger ⇄ Alexandrie ⇄ retour à la Corne.
Ce « corridor côtier » constituerait une véritable épine dorsale du commerce africain, rapide et à moindre coût, en attendant la consolidation progressive des réseaux routiers, ferroviaires et aériens.
Les experts estiment qu’un tel dispositif pourrait réduire les coûts logistiques de 40 à 60 %, tout en générant des milliards de dollars de PIB supplémentaires.
Intégrer les fleuves africains
Une étape ultérieure consisterait à connecter les grands fleuves africains – Niger, Congo, Nil – à ce circuit côtier, créant ainsi un réseau multimodal intégré. Cette dynamique transformerait l’AfCFTA d’un cadre politique en une réalité opérationnelle.
Une inspiration européenne
L’exemple européen est éloquent : le corridor Rhine–Danube relie les hubs intérieurs aux ports côtiers, transportant près de 300 millions de tonnes par an et ayant réduit les coûts logistiques de 40 à 60 %. L’Afrique peut suivre cette voie, à condition de maîtriser ses propres flottes et de contrôler ses routes.
Les conditions de réussite
La réussite d’un tel projet repose sur quatre leviers principaux :
- Capital : mobilisation des institutions financières africaines, telles que la BAD et l’Afreximbank, via des financements mixtes ;
- Coordination : harmonisation douanière sous l’égide des Communautés économiques régionales (CER) et des autorités portuaires ;
- Investissement privé : engagement conjoint des opérateurs, chargeurs et innovateurs ;
- Discipline opérationnelle : ports performants et systèmes transfrontaliers fluides.
Un choix stratégique à faire
Sans cette intégration logistique, PAPSS facilitera les paiements mais les inefficiences et les coûts élevés de transport subsisteront. Avec elle, l’Afrique pourra réduire les coûts, accélérer les flux commerciaux et libérer le potentiel de l’AfCFTA, estimé à 450 milliards de dollars d’ici 2035.
La question reste ouverte : où lancer le premier projet pilote ?
- En Afrique de l’Ouest ?
- En Afrique de l’Est ?
- Ou directement sur un corridor complet reliant toutes les façades ?
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