Formation Maritime des officiers: l’ISPM surclasse, l’ERN consolide et l’ISEM dégrade

- L’Institut Supérieur des Pêches Maritimes (ISPM), département de tutelle la pêche maritime

- L’Ecole Royale Navale (ERN), administration de la défense nationale

- L’Institut Superieur des Etudes maritimes (ISEM), département du transport et de la logistique

Ont procédé à une réorganisation de leurs différents cycles et filières de formation, ainsi que leur organisation pédagogique pour répondre aux dispositions de la nouvelle loi régissant l’enseignement superieur.   

Cette réforme de la formation supérieure maritime, a accusé tout d’abord un grand retard par rapport au calendrier fixé par la loi.

Alors que l’article 38 de la loi 01-00 (promulguée en juin 2000) avait fixé un délai de trois ans au maximum pour ces établissements pour leur mise en conformité avec ses nouvelles dispositions (Juin 2003), le premier établissement de formation maritime qui a réalisé celle-ci sur le plan juridique à travers la refonte de ses statuts, sans que cela veut dire que cela soit forcément mis en œuvre sur le plan pratique, est l’ISEM dont le décret 2-12-623 portant réorganisation de l’Institut a été promulgué en août 2013.

L’ERN et l’ISPM, ont quant à eux pris tout le temps nécessaire pour la réflexion et la définition claire de l’impact et les objectifs de cette réforme sur leurs formations et le secteur pour lequel ils forment.

L’ISPM

Ainsi, le département de la pêche maritime, a choisit que la réorganisation de l’Institut Superieur de la Pêche Maritime (ISPM) soit une occasion pour opérer une mutation profonde du cursus de formation à travers une mise à niveau vers le Haut en adoptant le système LMD : Licence (Bac+3), Master (Bac+5) et Doctorat.

 Alors, que l’institut formait jusque la des officiers de la pêche dans deux spécialités avec un niveau de Bac+2 et un diplôme de Technicien spécialisé.

Le nouveau décret 2.14.377 portant réorganisation de l’ISPM a renforcé le cursus de formation avec une troisième filière avec des officiers formés avec un niveau Bac+3 et un diplôme Licence.

Aujourd’hui, la formation à l’ISPM est adossée à une vision sectorielle clairement définie par la tutelle, la stratégie HALIEUTIS définit des horizons à court, moyen et long terme pour le secteur de la pêche maritime, les officiers de la pêche dont le statut a été rehaussée vont certainement être des parties prenantes actives de la modernisation et du développement de leur secteur.  

L’ERN

L’Inspection de la Marine Royale qui relève de l’administration de la défense nationale a dans le but d’accompagner les besoins importants induits pour le programme de modernisation et développement de la flotte navale du Royaume (Acquisition d’une FREMM, 3 corvettes SIGMA, 1 OPV 70 avec deux en option en cinq ans) et l’extension de ses prérogatives avec la création d’un département Hydrographique lancée une réforme de sa formation maritime à travers la révision du décret portant organisation de l’Ecole Royale Navale.

Ainsi, les officiers issus de la formation à l’ERN bénéficiait jusque là, à la fin de leur formation d’un diplôme Bac+5 d’ingénieur d’Etat, cet acquis a été maintenu et consolidé dans le nouveau décret 2.14.644.

Mais la nouveauté pour l’ERN a été la création d’un nouveau cycle de formation de niveau licence Bac+3, pour former des officiers électroniciens pour répondre aux besoins des nouvelles unités combattantes qui sont très développées technologiquement et qui nécessitent un personnel spécialisé.  

Ainsi, la mise en conformité de l’ERN avec la loi 01-00 ne s’est pas faite au dépend de ses lauréats, le nouveau décret portant réorganisation de l’école a maintenu le statut privilégié de ses officiers qui sont les seuls à ce jour à décrocher un diplôme d’ingénieur d’état à l’issue de leur formation initiale.  

ISEM

A l’image des réformes désastreuses qu’a connu le secteur du transport maritime au Maroc ces dernières années (open sea, loi 15-02…), le reforme de l’ISEM a été une nouvelle occasion de liquider les acquis maritimes du Royaume mais cette fois sur le plan de la formation maritime.

Déjà, que les officiers de la marine marchande ont été confrontés à une misère sociale et économique sévère ces derniers temps, l’acharnement à cette fois-ci touché peut être le dernier motif de fierté d’être un officier de la Marine Marchande.  

Ainsi, alors que les officiers issus de l’ISEM, bénéficiait jusque là d’une double diplomâtion national, Bac+4 : équivalent ingénieur d’application, et d’un diplôme international reconnu par l’OMI d’officier 1^er classe de la Marine Marchande.

Le nouveau décret décret 2-12-623 portant réorganisation de l’institut adoptée par la direction de l’ISEM, est venue non pour rehausser le statut de l’officier de la Marine Marchande au même titre que celui de la Pêche maritime et de la Marine Royale, mais a au contraire a dégradé sa diplomâtion qui a glissé de son niveau Bac+4 d’ingénieur à celui de Bac+3 licence professionnelle.

Cette détérioration du statut des officiers de la marine marchande, aura ainsi des impacts très négatifs à l’avenir sur le plan académique et professionnel des officiers surtout dans la fonction publique. (Un article détaillera le sujet ultérieurement)

Conclusion

La faiblesse du management au niveau du secteur du transport maritime se traduit ainsi en faiblesses sur tous les plans liés au secteur, alors que la robustesse de celle du secteur de la pêche maritime est visible à tous les étages malgré certaines insuffisances.

Et pour simple preuve, nous avons visité pour les besoins de la rédaction de cet article les sites web de l’ISEM et l’ISPM, le résultat a été édifiant mais pas surprenant.

Site web: www.ispm.ac.ma

-Le site est mis à jour avec une actualité très récente, organisation d’une activité relative à la célébration de la journée mondiale de la mer.    

-Une photo du navire école EL HASSANI arborant le pavillon marocain

-Des onglets pour l’accès à toutes les informations utiles relatives à l’institut et ces projets  

-Un blog de discussion

-Un vrai portail de communication

Site web: www.isem.ac.ma

-Un site web très basic 

-Une actualité qui est restée figée sur la rentrée universitaire, alors que l’ISEM a organisé une cérémonie grandiose et a participé à la journée mondiale de la mer à Tanger

-Un onglet formation continue inactif (à quoi il sert !!!!)

-Une grossière erreur d’orthographe qui trône sur le site depuis son lancement Vu au compus au lieu de Vie Au Campus, on demande à l’ISEM de former des officiers maitrisant l’anglais alors que ses responsables  ne maitrisent même pas le français.

-Et enfin cerise sur le gâteau, une immense photo d’un port français avec un navire de la SNCM à quai à croire que la Maroc ne dispose ni du port de Tanger Med, ni de photos de navires marocains à passagers, Quelle est la relation entre l’ISEM et la France ? Une question à Un Million de Francs Français SVP.

Les Ministres en charge du secteur, Mrs RABBAH et BOULIF ont du pain sur la planche, de même que le futur Directeur de la Marine Marchande qui a des prérogatives pour superviser la formation maritime et qui devrait suivre ce dossier de prés, l’association des lauréats de l’ISEM (ANISE), ne sera  certainement pas insensible au sujet, quant à la Direction de l’institut, le mieux qu’elle puisse faire pour le moment, c’est de cesser toute activité qui pourrait à nouveau nuire à l’image, le statut et l’avenir des officiers, le résultat de son incompétence sur tous les niveaux a été plus que probant.