Royal Air Maroc (RAM) et l'affaire de ses pilotes stagiaires continuent de faire la une des journaux locaux. Les rapports sur la situation ont balayé les médias sociaux, avec des opinions partagées sur le conflit.
COVID-19 : Le dilemme financier de la RAM
Pendant la crise économique provoquée par la Covid, Royal Air Maroc, la compagnie nationale, a suspendu les contrats de travail de 105 pilotes stagiaires qui faisaient partie d'un programme de formation de trois ans, qui aurait dû leur assurer un emploi auprès de la compagnie nationale à l'issue de celui-ci.
En mars 2020, le Maroc a instauré un état d'urgence en vertu duquel les autorités ont imposé un verrouillage total et la fermeture de l'espace aérien dans le cadre de sa campagne de lutte contre la propagation du coronavirus.
La situation a affecté le transporteur public Royal Air Maroc, qui a déclaré des pertes financières énormes. En mai 2020, le PDG de Royal Air Maroc, Abdelhamid Addou, a déclaré que la compagnie perdait 50 millions de dirhams (5,15 millions de dollars) par jour, faisant de cette situation la "pire crise" de l'histoire de la compagnie.
Quel était le programme ?
Le programme de formation, dans le cadre duquel les participants passent les deux premières années à l'École nationale de l'aviation civile de Toulouse et la dernière année au Maroc, faisait partie du contrat de la compagnie aérienne avec les pilotes stagiaires. L'accord stipule ensuite que la compagnie signera un contrat de travail permanent avec les pilotes stagiaires à l'issue de la formation de trois ans.
Royal Air Maroc s'est associée à des banques pour prêter de l'argent aux stagiaires afin de payer le programme d'un million de dirhams (102 116 dollars) (pour chaque stagiaire). L'accord de prêt stipulait ensuite que les stagiaires devaient rembourser l'argent sur une période de 10 ans après avoir signé leur contrat de recrutement officiel avec Royal Air Maroc.
Suspension et alternative de la RAM
En raison de la crise financière provoquée par le COVID-19, Royal Air Maroc a toutefois suspendu 105 pilotes stagiaires.
La suspension initiale du contrat des pilotes stagiaires couvrait une période de sept mois qui a ensuite été prolongée d'un an, jusqu'en avril 2022.
Mais cela signifiait que les stagiaires ne pouvaient pas payer leurs échéances de prêt. Royal Air Maroc a donc remboursé les prêts aux banques.
Royal Air Maroc a ensuite proposé un autre contrat de recrutement avec Atlas Multiservice, une société affiliée à la compagnie aérienne marocaine.
Mais les pilotes ont rejeté l'offre en vertu de laquelle Royal Air Maroc a déclaré qu'Atlas Multiservice verserait aux pilotes stagiaires un salaire inférieur à celui que la compagnie nationale leur avait précédemment promis.
Au milieu du tollé des pilotes stagiaires, Royal Air Maroc a alors intenté une action en justice contre trois élèves stagiaires, les exhortant à payer leurs dettes de prêt.
Aucune déclaration officielle sur l'affaire
Royal Air Maroc n'a pas répondu à une demande de commentaire de Morocco World News.
Mohammed Sebbari, membre du Parti Authenticité et Modernité (PAM) a adressé une question écrite au Ministre du Transport et de la Logistique Mohammed Abdeljalil.
Dans la question écrite, le parlementaire a demandé au ministre d'expliquer le raisonnement de la compagnie aérienne derrière ses actions, en particulier sa décision d'offrir un contrat de recrutement alternatif à travers Atlas Multiservice qui comprend une déduction de 45% des salaires initialement promis.
Youssef Yassir, l'un des pilotes stagiaires affectés par la suspension de Royal Air Maroc, a déclaré à Morocco World News la semaine dernière qu'il était "étonné" par le refus de la compagnie de leur fournir un soutien financier dans le contexte de la crise financière.
Il a affirmé que Royal Air Maroc a demandé aux pilotes stagiaires de soumettre une requête demandant la résiliation de leur contrat de formation.
Yassir a également déclaré que la compagnie a demandé aux stagiaires d'envoyer des demandes de recrutement à "une autre compagnie".
La société mentionnée par Yassir fait potentiellement référence à la société Atlas Multiservice que le député marocain a mentionnée dans sa question au ministre des Transports.
Yassir, qui est également membre de la coordination des pilotes stagiaires de la RAM, a rejoint le programme en 2017 avant que son contrat de Royal Air Maroc ne soit suspendu en août 2020, alors qu'il effectuait sa troisième année de formation au Maroc.
La coordination des pilotes stagiaires de la RAM a été créée pendant le bras de fer sur les contrats de travail et représente les intérêts de ceux dont la compagnie aérienne a suspendu le contrat. Au début du mois, elle a déclaré dans un communiqué de presse que le transporteur national "ternit son image et sa réputation."
Yassir a accusé Royal Air Maroc de proposer un accord "à prendre ou à laisser" qui ne répond pas à leurs revendications.
"Je ne pourrais en aucun cas rompre mon contrat avec la compagnie qui porte le drapeau du Maroc, qui est mon sponsor, qui est le garant de ma formation, pour aller me jeter dans les bras d'une autre compagnie que je ne connais pas", a déclaré Yassir.
Les plaintes et le tollé ne visent pas Royal Air Maroc en tant que compagnie mais s'adressent plutôt à la direction du transporteur, a-t-il souligné.
"Nous sommes 105, nous avons eu la même formation dans les mêmes conditions. Nous méritons tous d'être traités de la même manière", a affirmé M. Yassir.
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