A moins d’une semaine de l’avènement du mois de Ramadan, les prix de la plupart des produits alimentaires ont subitement pris l’ascenseur. Tomate, viandes, féculents, dattes, miel et beurre ont vu leurs cours sensiblement augmenter.
D’autres produits comme les huiles végétales, le café ou encore le thé sont d’ores et déjà promis à la même fièvre. Et pour cause, leurs prix dépendent de la situation du marché international qui reste orienté à la hausse. Néanmoins le niveau des prix affichés demeure sans commune mesure avec les augmentations intervenues à l’international.
A titre d’exemple, les dattes dont la tonne importée s’est établie à fin mai dernier à 13.204 DH, sont négociées à pas moins de 35 DH/kg. L’écart est énorme par rapport aux frais d’approche et de mise en marché dans la mesure où l’essentiel des achats se fait à partir de la Tunisie et de l’Algérie, pays avec lesquels le Maroc est lié par des accords de libre-échange. Le beurre dont le coût de la tonne rendue n’a guère dépassé 38.250 DH est vendu, au détail, à plus de 70 DH/kg. Or, les droits d’importation, logistique et reconditionnement n’expliquent pas cette forte différence.
Et les exemples peuvent être multipliés à volonté. Pour ce qui est des produits locaux, la spirale de la hausse est particulièrement visible sur les féculents. Pois chiches, lentilles, fèves ont rebondi à la hausse pour dépasser le cap de 15 DH/kg contre 9 à 10 DH en moyenne, une semaine auparavant. Mis à part la tomate dont la production est arrivée en fin de cycle, nombreux sont les produits frais qui ont enregistré de fortes hausses. Oranges, pommes, poires, bananes, avocats, fruits exotiques et oignons ont flambé. En cause, «le recours au stockage frigorifique dans l’attente de l’explosion de la demande», avancent des producteurs. C’est donc de la spéculation qu’il s’agit. Et le phénomène n’épargne apparemment aucun produit. Car l’approvisionnement du marché ne fait pas défaut. Au contraire, il est jugé plus que suffisant par rapport au niveau de consommation attendu le mois prochain qui coïncide avec Ramadan. C’est du moins ce qui ressort de la dernière note du ministère de l’Industrie et du Commerce, «l’offre disponible devrait répondre largement à la demande du mois d’août», est-il spécifié. Les produits fortement consommés durant le mois du jeûne sont disponibles en gros volumes. Pour le sucre, dont le prix est soutenu par l’Etat, les mises à la vente effectuées par Cosumar s’élèvent actuellement à 390.300 tonnes alors que la consommation estimée pour la période d’avant et courant mois de Ramadan est de l’ordre de 100.000 tonnes. Or, pour ce produit, les pics de consommation sont souvent constatés le mois précédant Ramadan. En ce qui concerne le beurre, le stock disponible est estimé à 4.200 tonnes alors que la demande ne devrait pas dépasser 2.200 tonnes. Ceci, sans oublier les quantités de margarine dont le niveau est de l’ordre de 22.500 tonnes. «Cependant, les ventes de produit de substitution du beurre restent limitées à quelque 10.000 tonnes par mois de forte consommation», rappelle un fabricant de Casablanca. Autre produit très demandé, le lait en l’occurrence, est aussi disponible en grandes quantités: 102 millions de litres. Sans oublier, les importations de la poudre de lait qui ont porté sur 9.300 tonnes à fin mai dernier.
Tout comme pour le sucre, la demande de l’huile végétale connaît également une forte hausse au Ramadan. Pour cette année, le volume à consommer est estimé à 34.000 tonnes alors que le disponible dépasse, selon le ministère de l’Industrie et du Commerce, 58.500 tonnes. Là aussi les importations des huiles végétales brutes ont marqué une nette augmentation à fin mai 2011 à 173.000 tonnes.
"article paru dans l'economiste du 27/7/2011"
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