Voilà une filière à fort potentiel mais qui peine à décoller. L’apiculture reste dominée par l’élevage traditionnel à faible productivité. En une année normale, la production moyenne du miel atteint 3.500 à 4.000 tonnes avec un rendement moyen par ruche moderne de 25 kg et de 3,5 kg pour les ruches traditionnelles.
De son côté, la production de la cire est d’environ 300 tonnes, assurée principalement par les ruches traditionnelles.
Dans ce schéma, l’essentiel de la demande est satisfaite par l’importation. En 2010, le Maroc a importé 1.540 tonnes de miel contre 1.820 une année auparavant. Selon des apiculteurs, la production annuelle couvre bon an mal an entre 20 et 40% des besoins.
Une dynamique est aujourd’hui amorcée avec le plan Maroc Vert qui encourage le développement des produits du terroir et aussi avec la signature du contrat-programme du secteur. Des projets d’agrégation sont lancés pour optimiser le processus de production. Certains ont déjà démarré, en particuliers dans la région du Gharb qui concentre plus de 60% de la production nationale de miel, alors que d’autres sont en cours de finalisation. C’est le cas par exemple du projet d’agrégation du groupe Zamzami prévu au niveau de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër. Ce groupe, qui commercialise les produits du même nom, compte aussi créer un centre apicole en vue de la sauvegarde de la race d’abeilles noires «apis mellifica» et l’introduction d’une race améliorée d’abeilles étrangères à haut rendement.
Le groupe envisage ainsi d’agréger 150 apiculteurs dès 2012 avant de passer à 200 en 2021. Au démarrage du projet, il table sur une production de 75 tonnes et de 1.750 tonnes en 2021. «Les apiculteurs avec lesquels nous allons commencer produisent en moyenne 10 kg par ruche. Nous allons donc tenter de porter cette production à 35 kg», explique Zouheir Zemzami, co-administrateur de la société Notam qui commercialise les produits Zemzami. Pour atteindre ces objectifs, le groupe Zemzami compte investir 74,85 millions de dirhams. Il s’engage ainsi à créer une miellerie moderne d’une capacité de 4.000 tonnes/an, une station de conditionnement d’une même capacité ainsi que la collecte et la commercialisation de la production. Une unité de menuiserie pour assurer la production de ruches de qualité ainsi qu’un label propre au miel de la région sont aussi programmés.
Le groupe compte ainsi préfinancer les agrégés en intrants, soit la cire, le pollen, les ruches peuplées, les reines sélectionnées et le matériel apicole… Il prévoit aussi d’assurer un traitement génétique des abeilles et un encadrement technique et sanitaire afin d’améliorer la production de miel de bonne qualité.
Dans cette filière caractérisée par un marché local peu développé et un marché externe ignoré des professionnels, le département de l’Agriculture s’apprête également à lancer une étude. Celle-ci portera en particulier sur le développement de la filière au niveau du Souss-Massa, de l’Anti-Atlas occidental et du Haut-Atlas occidental. Une zone où l’activité se pratiquait depuis des générations. Le Souss, tout particulièrement, est connu pour avoir abrité en 1.850 le grand rucher collectif au monde dans la tribu D’ida Ouziki. L’objectif de cette étude est d’élaborer un plan régional de développement du secteur apicole.
"article paru sur l'economiste du 8/8/2011"
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