La problématique du prix du sucre refait surface. Les producteurs de betterave estiment qu’ils ne sont pas suffisamment rétribués. Au Gharb comme à Nador ou à Doukkala, ils soulignent que l’augmentation des coûts des intrants (semences, engrais …) est devenue insoutenable. Abdelkader Kodad, président de l’Association des producteurs des plantes sucrières de Nador, région qui compte 3 500 ha exploités par 1 200 producteurs, est catégorique : «Avec les engrais dont le prix a pratiquement triplé, l’hectare ne rapporte guère; pire, on y perd».
Le prix de la tonne payé par la Cosumar se situe entre 300 et 500 DH la tonne. Cependant, pour calculer les revenus de l’agriculteur, il convient de prendre en compte le rendement et la teneur en sucre. Avec un rendement de l’ordre de 50 à 55 tonnes, même sur la base d’un taux de sucre maximum, l’hectare ne rapporterait pas plus de 25 000 DH de recettes, explique M. Kodad. Très peu pour couvrir les charges. C’est le même son de cloche à Doukkala. Sur la base d’estimations plus généreuses, Abdelkader Kandil, président d’un regroupement de 6 associations de la région, confirme le malaise des exploitants.
Pour la Cosumar l'approvisionnement du pays en sucre ne saurait se passer de la production nationale
Pour faire face, les associations réclament une augmentation de 100 DH par tonne et ne trouvent pas leur requête exagérée. Ils soulignent en effet que la dernière augmentation (elle s’était soldée par une hausse de 0,32 DH du prix du kilo du sucre raffiné au consommateur) remonte à 2006 et était, à leur goût, tout à fait ridicule (de l’ordre 40 à 65 DH /t). Maintenant, les agriculteurs estiment que leur patience est à bout et envisagent même d’abandonner cette culture. En réalité, le problème est récurrent et demeurera tant que les conditions de fixation des prix resteront inchangées. Le prix du sucre est arrêté par le gouvernement qui verse à la Cosumar une subvention forfaitaire de 2 DH/kg pour le sucre blanc fabriqué à partir de la matière première locale et de cette dernière on tire 40% de la production de sucre blanc ; les 60% restants proviennent du sucre brut importé. Pour Mohamed Fikrat, PDG de la Cosumar, la question dépasse la simple rentabilité car une industrie sucrière, un peu partout dans le monde, relève d’une partie de la souveraineté. Avec des marchés fluctuants et souvent protégés, l’approvisionnement du pays en sucre ne saurait se passer de la production nationale, explique-t-il en substance. On en déduit qu’il milite pour la préservation de l’amont agricole. Mais avec ces temps difficiles pour les finances publiques, les revendications des agriculteurs risquent de ne pas être satisfaites de sitôt.
"paru sur la vie eco du 19/9"
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