Relativement sceptiques sur les chances d’une action de l’admini-stration auprès des laitiers, les observateurs font, en outre, remarquer que le ministre a choisi un journal proche du PJD, son parti, pour son annonce.
Le gouvernement ne restera pas les bras croisés si les professionnels de la fabrication du pain et du conditionnement du gaz domestique exécutaient leurs menaces d’enchérissement de ces produits. C’est le ministre délégué aux affaires générales et à la gouvernance qui a fait cette déclaration au cours d’un entretien accordé, vendredi à Rabat, au journal proche de son parti.
Très largement cités par les autres organes de presse, les propos du ministre ont particulièrement suscité l’attention parce qu’ils constituent la première réaction de l’équipe en place face à la volonté des professionnels d’augmenter les prix du pain et du gaz domestique - deux produits subventionnés. «Au motif que ces prix n’ont pas bougé depuis une trop longue période et qu’ainsi ils auraient été rattrapés par l’inflation au point de réduire à portion congrue leur marge bénéficiaire, ces opérateurs avaient rappelé avec insistance au gouvernement la nécessité d’une actualisation de la situation du marché».
Najib Boulif a considéré que l’argument n’est pas défendable et a déclaré que toute augmentation sera considérée comme illégale. Il a ajouté que seule l’administration est en droit de prendre une telle décision et que pour le moment, elle n’en a pas l’intention. Au contraire, a-t-il laissé entendre, eu égard au contexte spécifique actuel, le gouvernement a plus que jamais la volonté de veiller à la préservation de l’équilibre des prix et du marché. Il a donc considéré qu’il n’est pas exclu que l’administration intervienne afin d’amener «la société et les coopératives» qui ont augmenté les prix de leurs livraisons de lait à revenir sur leur décision. Il a affirmé que le gouvernement n’a pas été consulté sur cette hausse à la mi-août et qu’il compte faire la lumière sur cette question. Najib Boulif n’a cependant pas précisé quels moyens il compte utiliser pour y parvenir.
Relativement sceptiques sur les chances d’une action de l’administration auprès des laitiers, les observateurs font, en outre, remarquer que le ministre a choisi un journal proche du PJD, son parti, pour son annonce. Selon eux, ce moyen indique que la question n’a pas été concertée au sein de la majorité gouvernementale et qu’il s’agit plus probablement d’un ballon d’essai.
De surcroît, le lait n’étant pas un produit subventionné- ce qui ôte au gouvernement le prétexte de la dépense publique-, ces mêmes sources déclarent ne pas voir comment Najib Boulif pourrait amener les laitiers à composition.
Estimant que ces derniers ont d’ailleurs eu tout le temps d’acter les hausses opérées, ils considèrent que le projet du ministre n’a que peu de chances d’aboutir. Ils rappellent également que l’importance des enchérissements des produits lactés ajoute à la difficulté d’un retour à la situation d’avant le 16 août. Le prix du litre de lait pasteurisé a, en effet, augmenté de 6% en passant à 7 DH, celui de l’UHT a pris entre 30 et 50 centimes et celui du demi-écrémé a enchéri de 50 centimes en passant à 9 DH.
Les propos de Najib Boulif ont d’autant plus interpellé qu’il est, de par sa fonction de ministre des affaires générales et de la gouvernance, l’un des principaux artisans de la réforme de la Caisse de compensation. Emboîtant le pas à l’ancien ministre des finances, Nizar Baraka, qui avait parlé de diminuer de 15 milliards de dirhams les fonds alloués à la compensation, Najib Boulif a déclaré en juin à l’issue de la réunion du conseil d’administration de la Caisse que le gouvernement allait s’employer à contenir les subventions des produits de grande consommation dans la limite des 42 milliards prévus par la loi de Finances.
Cet objectif est devenu prioritaire, le déficit des finances publiques s’aggravant dangereusement. En effet, en 2012 les subventions des produits pétroliers, du gaz butane et du sucre se sont élevées à 53,369 milliards de dirhams contre 48,475 en 2011, soit une hausse de près de 11%. Ces sommes représentent 6,4% du PIB. Sur ce total, les subventions des produits pétroliers ont atteint 32,4 milliards de dirhams, celles du gaz butane 15,8 milliards et celles du sucre 5 milliards de dirhams.
Par aujourdhui
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