Pour l’Amip, la vraie question est celle du pouvoir d’achat
La cherté touche particulièrement les princeps importés
Un nouveau dispositif de calcul des prix en cours de finalisation
LES industriels du secteur pharmaceutique ne partagent pas totalement la vision de la CNOPS confirmant d’une manière absolue la cherté des prix des médicaments. Premièrement, «la détermination des prix de ces derniers est effectuée par le ministère de la Santé publique et non par les laboratoires », tempère Abdelghani El Guermaï, président de l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique (Amip). Il est donc faux d’avancer actuellement que, d’une manière générale, les médicaments sont chers au Maroc. Toutefois, le président de l’Amip précise «qu’effectivement certains produits sont vendus dans le marché privé à des prix élevés». Il s’agit pratiquement de médicaments princeps importés dont on peut distinguer 2 catégories. La première porte sur les médicaments dont le prix n’a pas été révisé depuis quelques années. L’autre concerne les produits, « dits innovants, toujours protégés par des brevets concernant les pathologies lourdes, dont le prix est pratiquement imposé par les multinationales ».
Mais le président de l’Amip fait remarquer que « dans le cadre des marchés de l’Etat, (ministère de la Santé, F.A.R.) ou de la CNOPS, les laboratoires concèdent les mêmes médicaments à des prix beaucoup plus bas que dans le secteur privé». Et ce, pour plusieurs raisons: 80% des produits concernés sont des génériques marocains. Il y a aussi l’importance des quantités commandées.
Pour El Guermaï, «cela montre le rôle citoyen des laboratoires marocains et les efforts qu’ils ne cessent de déployer pour améliorer l’accessibilité aux médicaments et aux soins». Sans oublier de mentionner que «les marges du grossiste, du pharmacien et le coût de la promotion médicale ne sont pas pris en compte». Le président des industriels de la pharmacie invoque les initiatives prises ces derniers temps par le ministère de la Santé et rappelle « qu’en 2011, 400 médicaments ont baissé sérieusement de prix et 320 en 2012 ». Une nouvelle baisse devrait concerner une liste de 350 produits.
Certes, ces initiatives sont louables, mais la mise en place d’un nouveau système de fixation des prix des médicaments s’impose. Le ministère de la Santé travaille sur le dossier depuis des mois en concertation avec les industriels (voir L’Economiste du 13/05/2013). Il est certain que la tâche n’est pas aisée pour arriver à une réduction des prix tout en garantissant les intérêts et les équilibres aussi bien des laboratoires, des grossistes ainsi que des pharmaciens.
Tout la profession attend le lancement de ce nouveau dispositif de calcul des prix des médicaments qui a fait l’objet d’un accord avec l’Amip. La version définitive est en cours de finalisation. Le ministre de tutelle confirme: le projet de décret concernant la méthode de calcul des prix se trouve dans le circuit d’approbation. «Ce nouveau système sera basé sur un benchmarking moyen des prix du même médicament de 7 pays dont le système pharmaceutique est similaire à celui du Maroc», indique le responsable de l’Amip. « Ce nouveau système constituera lui-même une base pour calculer les prix des génériques et offrira un cadre règlementaire transparent pour tous les médicaments et une visibilité meilleure pour tous les laboratoires», avance El Guermaï. Mais ce dernier n’oublie pas de dévoiler le revers de la médaille de ce dossier. Il s’agit du cas «de nombreux médicaments vendus à des prix très bas, prix qui n’ont pas été révisés depuis plus de 10 ans malgré l’augmentation annuelle de toutes les charges». Si le prix de ces produits n’est pas réévalué, ils risquent de disparaître au profit d’autres médicaments beaucoup plus chers sans apport thérapeutique significatif. Ce qui constitue un grand dommage pour les patients les plus défavorisés économiquement.
Les vrais défis
AMÉLIORER l’accès aux soins de santé, ne se limite pas uniquement à la question de la réduction des prix des médicaments mais plutôt de s’attaquer à d’autres chantiers prioritaires dans le cadre d’une stratégie globale. Un avis partagé par les différents acteurs concernés : CNOPS, Amip, pharmaciens… Le premier chantier est la poursuite des efforts en matière de généralisation de la couverture de l’assurance maladie qui touche pour le moment près de 30% de la population alors qu’elle dépasse les 80% dans les pays de la région. Un pouvoir d’achat faible des familles marocaines constitue également un handicap pour l’accès aux soins.
Par Leconomiste
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