Pour mettre à niveau cette activité et en finir avec les pratiques informelles, il est impératif de dépoussiérer la législation et
la réglementation de ce secteur.
La réalisation du contrat-programme passé entre le gouvernement et la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (FIVIAR) pour promouvoir la production et la commercialisation des produits carnés a été un si grand succès qu’il oblige la profession à se surpasser.
Cette conclusion, c’est l’une de celles auxquelles sont parvenus les opérateurs de la filière réunis mardi à Rabat à l’initiative de la fédération pour examiner la perspective de nouveaux progrès dans «un domaine où le social et le sanitaire n’ont pas moindre importance que l’économique». L’enjeu est si important et la conjoncture si délicate que tous les segments de l’activité ont dépêché des délégués à la réunion afin de dégager des pistes de réflexion pour conforter la coopération entre les différents intervenants de manière à hâter la réalisation des objectifs du Plan Maroc Vert (PMV) en matière de développement de la filière et de sécurité alimentaire.
Il y avait là des représentants des éleveurs, ceux des chevillards, des bouchers, des consommateurs, des administrations partenaires…. Mais pas ceux de l’Intérieur, administration partenaire par excellence et, au demeurant, dont le rôle est déterminant dans la mise à niveau et le développement des abattoirs, le nouveau challenge que se sont fixé les opérateurs. En fait, l’objectif est plus vaste que ce toilettage, puisqu’aujourd’hui, après l’amont, c’est l’aval de la filière des viandes rouges (abattage-commercialisation et transformation) qui nécessite soutien et accompagnement de la part de «l’ensemble des intervenants (collectivités locales- administrations et professionnels)» afin de pérenniser les résultats de la mise à niveau et de la professionnalisation.
Au centre de cette mise à niveau nouveau style : celle qui vise à aménager les conditions d’un abattage propre.
La profession pense en effet qu’il est urgent de se préoccuper «de l’état vétuste et non conforme des structures d’abattage (abattoirs-tueries, c’est-à-dire espaces d’abattage réduits à leur plus simple expression) avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur la santé du consommateur». Cela n’a pas été expressément dit dans le cadre des travaux, mais a été évoqué en marge de la réunion : la résurgence de la tuberculose n’est peut-être pas étrangère aux conditions de propreté douteuses qui accompagnent l’abattage effectué dans les tueries ou dans la clandestinité. Or, des tueries, il y en a 540 dans le monde rural qui sont contrôlées; alors combien ne le sont pas ?
En face, il y a 182 abattoirs municipaux et sur ce nombre il n’y en a que deux qui présentent des conditions d’exploitation aux normes - ce qui leur a valu d’être agréés : 1 intercommunal et un privé, ce dernier étant par ailleurs au centre d’une controverse. De ces 722 unités sont sorties l’année dernière 240.000 tonnes de viandes contrôlées, soit 52% des quantités livrées à l’échelon national. En clair, un kilo de viande rouge sur 2 vendus sur les marchés provient de l’abattage non contrôlé. Pour la Fiviar, il y a urgence à agir. Cet informel, il faut le formaliser. Mais pour cela, il faut le convaincre de ce que son intérêt bien compris est du côté de la légalité.
Financièrement parlant, si l’on s’attache aux seuls coûts de production, le kilo produit en abattoir reviendrait –Fiviar dixit- moins cher que le produit sauvage. Socialement, il n’y a pas de comparaison possible : entre un produit contrôlé sain et un autre produit dans la clandestinité dans des conditions de salubrité douteuses, il y a au moins cette différence qu’avec le premier la santé publique est sauve.
Mais la fédération n’entend pas cultiver l’angélisme. Ce qui la fait agir, c’est aussi son intérêt propre. «Nous ne nous en cachons pas, nous sommes des opérateurs économiques, mais mieux vaut faire du profit en travaillant à l’intérêt général que de céder à la tentation purement égoïste».
Reste l’obstacle qui se dresse devant ce projet : les textes. Pour mettre au diapason l’activité dans sa totalité, pour hausser l’aval au niveau de l’amont, il faut dépoussiérer la législation et la réglementation. «Dans certains cas, des textes datant des premiers temps du protectorat sont toujours en vigueur. Ils étaient de circonstance alors, ils constituent des freins aujourd’hui». En particulier, ils font obstacle à cet appel du large qui entraîne que la profession lorgne sur les exportations. «Il y a en le domaine des niches qui offrent de très grandes possibilités pour l’exportation à un moment où le déficit des échanges extérieurs pose problème».
Ainsi des produits halal. Depuis que le consommateur établi en Europe se méfie de la production locale, celle qui viendrait d’un pays musulman a toute chance de trouver gré à ses yeux. Encore faut-il qu’elle soit produite aux normes européennes.
Le : 2013-09-12 N° : 3007 Par aujourdhui.ma
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