Nador West Med pour les nuls

Portuaire
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Je fais la leçon pour rafraîchir la mémoire de la société Nador West Med S.A. créée en juin 2010.

Tout commence en 2002.

Cette année là, dans la matinée du 19 mars, je donnais le cours de l’Ingénierie Portuaire à l’Ecole Hassania (EHTP/Casablanca). A la récréation, j’ai reçu la visite impromptue du président de Hutchison Port Holdings (HPH) dont le fondateur n’est autre que le fameux homme d’affaires Li Ka-shing (Hong Kong). Il voulait mon avis pour l’établissement d’un port de Transbordement à la suite de l’abandon du projet « Tanger Atlantique » (enterré le 21 janvier 2001) : je lui ai conseillé « nador west med à betoya » (pointe negri), évoquant ainsi pour la première fois ce site sur le flanc ouest du cap des trois fourches (Ras Tleta Madari).

Nous avons continué la réunion au « Cabestan » non loin du Phare d’El Hank. À main levée, je lui ai alors dessiné les plans sur la nappe en papier mise à notre disposition par Mme Viaud, gérante bien connue de ce restaurant emblématique. J’ai lourdement insisté sur les fautes à ne pas commettre. À la fin du déjeuner, il a eu la délicatesse de me demander l’autorisation de communiquer cette étude à la tutelle. Je lui ai répondu que c’est un honneur d’aider le pays.

Cependant, ils ont classé le dossier et ils l’ont mis en veille.

Après avoir digéré les erreurs commises à Oued Rmel, ils sont revenus à mon idée d’un port à Betoya. Mais là aussi, en raison de l’ignorance des choses de la mer, ils ne savent pas lire mes plans et ils se sont égarés, malgré l’assistance d’une multitude de bureaux d’études dont le cabinet hollandais Alkyon, Hydraulic Consultancy & Research.

Ainsi, de graves faiblesses caractérisent leur manière de faire. On peut citer entre autres la grave erreur concernant l’établissement initial du projet de port nador west med. Au lieu de suivre mes instructions et mes directives, ils se trompent en plaçant le port à l’embouchure de l’oued Kert (2010) dont ils n’ont pas compris le fonctionnement : son bassin versant de 3 000 km² génère plusieurs millions de mètres cubes d’apports solides. Cette erreur est devenue patente. Ils finissent alors par se rendre à l’évidence, et leur comportement demeure ludique. Comme dans un jeu vidéo, ils déplacent le port vers le haut de la Baie de Bettoya (2011). Ils tombent alors de Charybde en Scylla : ils se retrouvent face à l’embouchure du terrible torrent Ighzer N’tya qu’il faut contenir au moyen d’un système de barrages en cascades.

Ainsi, au lieu de construire un port, ils ont passé leur temps à faire des tâtonnements car ils n’ont pas vu que le site est pris en tenaille par les éléments hydrauliques.

Cependant, il y a plus inquiétant : ils déshabillent Pierre pour habiller Paul. Ainsi le port pétrolier historique de Mohammedia (Fédala) est sacrifié à l’autel de la convoitise. Donc, non seulement, leur ignorance fait perdre de l’argent et du temps, mais elle conduit à l’oubli d’un patrimoine commun à l’humanité : les premiers sea-lines installés en 1952 en Afrique se trouvent à Fédala.

Vu que l’incompétence risque de devenir un critère de normalité, je vais faire un livre sur ce projet d’abord pour faire la leçon, puis pour remettre les choses en ordre du point de vue de l’excellence et enfin pour raconter les graves incohérences qui ont vidé ce projet de son destin planétaire.

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