Le canal de Suez s’apprête à retrouver une partie de son trafic après une année de détournements provoqués par les attaques dans le détroit de Bab el-Mandeb. Malgré ce retour, Tanger Med, qui a capté une part de ces flux, pourrait conserver une position renforcée grâce à sa résilience et son rôle stratégique de hub régional.
Le retour progressif de Maersk et de CMA CGM dans le canal de Suez, prévu dès décembre, marque un tournant après une année perturbée par les attaques dans le détroit de Bab el-Mandeb. Depuis fin 2023, l’insécurité en mer Rouge avait contraint de nombreux armateurs à détourner leurs navires par le Cap de Bonne-Espérance, rallongeant considérablement les trajets et augmentant les coûts de transport.
Ce détournement a profité à certains ports alternatifs, en particulier Tanger Med, qui s’est imposé comme un hub stratégique pour le transbordement, le ravitaillement et la redistribution des flux vers l’Europe, l’Afrique et les Amériques.
Pendant cette période, Tanger Med a su accroître ses volumes de conteneurs, attirer de nouvelles rotations régulières de navires et renforcer son attractivité auprès des compagnies maritimes.
Les lignes et services qui se sont développés ou consolidés pendant la crise offrent au port un capital logistique durable, car une partie de ces flux n’était pas liée uniquement au détournement temporaire, mais à la recherche par les armateurs de hubs fiables et flexibles capables de gérer des volumes importants.
Le retour des grands armateurs vers Suez ne signifie pas forcément un recul immédiat pour Tanger Med, mais plutôt un rééquilibrage des flux. Certains volumes redirigés par le contournement de l’Afrique pourraient retrouver Suez, notamment les lignes longues distance où le transit par le canal reste le plus rapide.
En revanche, les services industrialo-logistiques, les rotations feeder et les flux régionaux captés par Tanger Med sont susceptibles de rester stables, car les armateurs ont désormais intégré le port marocain dans leurs réseaux comme un hub stratégique de transit et transbordement.
La durabilité de ces gains dépend de plusieurs facteurs. La sécurité dans le détroit de Bab el-Mandeb reste incertaine, ce qui pousse certains armateurs à maintenir une diversification des routes.
Les choix stratégiques des compagnies, fondés sur l’optimisation des coûts, des temps de transit et de la résilience des chaînes logistiques, détermineront si Tanger Med conserve certains flux de façon permanente ou si certains volumes reviendront définitivement vers Suez.
En réalité, Tanger Med sort renforcé de cette période. La crise de la mer Rouge a mis en lumière l’importance de hubs sûrs et flexibles, capables de répondre rapidement aux perturbations du trafic mondial.
Même avec la réactivation du canal de Suez comme route principale, le positionnement stratégique de Tanger Med sur la porte Atlantique-Méditerranée et sa capacité à capter différents flux régionaux et internationaux en font un acteur incontournable, dont le rôle dans la chaîne logistique mondiale est appelé à se consolider durablement.
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