BOULANGERIES: QUI BLOQUENT LE CONTRAT-PROGRAMME?

Formation et Réglementation
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RIEN DE CONCRET, DEUX ANS APRÈS SA SIGNATURE

LES PROFESSIONNELS MENACENT DE DÉCLENCHER UNE GRÈVE

Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Et l’expérience des boulangers est une belle illustration de l’adage. Presque deux ans après la signature du contrat-programme entre la Fédération nationale de la boulangerie et pâtisserie (FNBPM) et le gouvernement, pratiquement rien n’a été fait. Des réunions ont été tenues entre la profession et des départements ministériels tels que l’Agriculture, l’Industrie & le Commerce, l’Intérieur et l’Emploi. Des commissions thématiques ont été constituées. La dernière rencontre entre les professionnels et le gouvernement remonte au mois d’avril dernier, mais sans résultat. «Pis encore, c’est le silence radio», constate la profession. A l’origine de l’ire des professionnels, la non-opérationnalisation du contrat-programme signé le 27 octobre 2011 avec l’ancienne équipe gouvernementale. «Nous avons adressé un courrier au chef du gouvernement il y a deux semaines pour demander une réunion d’urgence. L’objectif étant d’examiner les moyens à mettre en œuvre pour l’actualiser et concrétiser la feuille de route du secteur», explique Lahoussine Azaz, président de la FNBPM.

 

Rappelons que la grève générale déclenchée par les boulangers en 2004 avait débouché sur un accord avec le gouvernement sur l’application d’une augmentation progressive du prix du pain basic. Celui-ci devait passer de 1,10 dirham en 2004 à 1,40 dirham en 2006. «Mais en raison de la flambée des cours des céréales, la corporation a décidé de surseoir à cette augmentation dans le but de préserver le pouvoir d’achat des consommateurs et de ne pas menacer la stabilité sociale», déclare Azaz. En contrepartie, un contrat-programme a été proposé à la profession afin de contribuer à la réduction des coûts de revient des boulangeries et au maintien du prix du pain à 1,20 dirham. La nouvelle stratégie 2011-2015 a pour objectif de mettre à niveau la profession via un train de mesures telles que l’introduction d’un tarif industriel de l’électricité, la formation, l’élaboration d’un cahier des charges…

L’application d’un tarif industriel constitue le principal acquis pour les boulangers. «Selon nos informations, le dossier est ficelé depuis plusieurs mois, mais le ministère de l’Intérieur, en sa qualité de département de tutelle sur les services concédés, tarde à prendre une décision», précise le président de la FNBPM. En attendant, la facture énergétique continue de pénaliser la trésorerie des boulangers dont les revenus sont censés être améliorés via le contrat-programme. La Fédération revendique 13.000 boulangeries modernes, mais le secteur reste grevé par l’informel. Quelque 20.000 unités clandestines produisent le pain. «L’anarchie s’est aggravée depuis le déclenchement du Printemps arabe puisque des marchands ambulants installent des boutiques de fortune sur la voie publique et fabriquent du pain», fustige le chef de file des boulangers. Le contrat-programme comporte d’ailleurs des dispositions pour intégrer l’informel. Cela commence par l’élaboration d’un cahier des charges fixant les conditions d’exercice du métier. Il prévoit également des dispositions sur le chaînage des unités industrielles, les critères de fabrication, de vente, l’entreposage et l’organisation du circuit de commercialisation ainsi que le transport…

La formation constitue un autre axe pour la mise à niveau de la profession. Une école spécialisée dans la formation aux métiers de la boulangerie et de la pâtisserie devra être construite. La Fédération nationale des minotiers a déjà mis à la disposition de la FNBPM le foncier nécessaire. L’équipement de la future école sera assuré par l’association France Export Céréales. Quant à la construction, c’est le ministère de l’Emploi qui devrait s’en charger. Mais pour l’heure, aucune décision n’a encore été prise dans ce sens. A signaler que sur le volet financier, le contrat-programme ne prévoit pas de budget. C’est la raison pour laquelle les professionnels suggèrent la mise en place de dispositifs dans le cadre du plan Emergence et du programme Imtiaz.

Des réunions entre la fédération et ses instances régionales sont prévues dans les prochains jours. L’objectif étant de se mettre d’accord sur une décision commune au sujet de l’étape suivante, qui pourrait être un appel à une grève nationale.

                  Édition N° 4092 du 2013/08/13 par L'Economiste

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