Aziz Akhannouch a été on ne peut plus clair: «un secteur libéré comme celui des produits laitiers doit fonctionner selon la loi de la concurrence. Et l’Etat doit pousser vers une plus grande compétition entre les opérateurs»
La hausse du prix du lait continue de faire des vagues. Les membres de la Commission des secteurs productifs de la Chambre des représentants ont interpellé, lundi dernier, Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture. A l’origine de l’initiative, les groupes du PJD, de l’Istiqlal et de l’USFP. D’emblée, le ministre de l’Agriculture a reconnu «l’effet surprise de cette hausse de 6%». Un constat partagé par plusieurs députés, notamment Abdallah Bouanou, chef du groupe du PJD, qui a déploré que «les coopératives qui ont emboîté le pas à Centrale Laitière dans cette augmentation n’ont pas consulté le gouvernement, alors qu’elles bénéficient d’un appui de 2 milliards de DH dans le cadre d’une convention signée entre les deux parties». Aujourd’hui, «il est important de faire le point sur l’impact de cette aide de l’Etat, puisqu’elle n’a pas permis de protéger les consommateurs face à cette hausse des prix», a-t-il ajouté. Néanmoins, il s’agit là d’un secteur libéralisé, et le gouvernement n’a pas le droit d’intervenir dans la fixation des prix. C’est ce qu’avait déclaré Najib Boulif quelques jours après l’annonce de l’augmentation du prix du lait. Ce qui a suscité l’ire de certains parlementaires, à l’instar de Mounia Ghoulam de l’Istiqlal, qui a estimé que «ces propos sont irresponsables». Elle a reproché à «Centrale Laitière, qui dégage une marge bénéficiaire confortable, plus importante que ce qui est réalisé par la maison mère Danone, de vouloir développer ses investissements au détriment du pouvoir d’achat des citoyens». A l’instar d’autres députés, elle a considéré que «le Conseil de la concurrence doit déterminer s’il s’agit d’une situation de cartel, puisque les autres coopératives ont également adopté cette hausse, privant les consommateurs de bénéficier de l’effet de concurrence». Sur ce point, Akhannouch a estimé que c’est cette institution constitutionnelle qui est habilitée à trancher. Néanmoins, il a assuré que son département «a pris ses responsabilité en rencontrant les professionnels pour aboutir à une solution». Ainsi, 60% de l’augmentation du prix seront réservés aux petits agriculteurs. Ce qui constitue aussi «un transfert des villes vers la campagne. D’autant plus que les agriculteurs réclamaient aussi une révision des prix», a expliqué Akhannouch. Néanmoins, les députés ont insisté sur l’importance du suivi de ce dossier pour s’assurer que les petits agriculteurs, qui participent à 80% à la production nationale du lait, profitent réellement de ces montants. Sur ce point, le ministre a fait savoir que la hausse est visible dans le prix de vente chez les petits agriculteurs à partir du 1er août, avec effet rétroactif. Ceci est d’autant plus important que «la vente du lait constitue un élément de stabilité de la trésorerie de cette catégorie d’agriculteurs, qui leur garantit un revenu quotidien d’au moins 50 DH», comme l’a affirmé Driss Skalli, député du PJD. C’est dans ce sens que Mohamed Simou, parlementaire du Mouvement populaire, a poussé le bouchon un peu loin, en considérant que «cette augmentation est insuffisante pour répondre aux besoins des agriculteurs. La hausse aurait pu être de 1 à 2 DH, et les Marocains seraient prêts à l’accepter s’ils en comprenaient les enjeux».
LES DÉPUTÉS S’EMPARENT DU DOSSIER
ILS ONT POINTÉ «L’IMPACT SUR LE POUVOIR D’ACHAT ET L’ABSENCE DE CONCURRENCE DANS LE SECTEUR»
AKHANNOUCH MET L’ACCENT SUR L’EFFET POSITIF SUR LES AGRICULTEURS
L’AVIS DU CONSEIL DE LA CONCURRENCE TRÈS ATTENDU
Édition N° 4110 du 2013/09/11 leconomiste.com
Pour réagir à ce post merci de vous connecter ou s'inscrire si vous n'avez pas encore de compte.