Plaidoyer émouvant de la Directrice de l’ISEM pour la Femme Maritime lors de la 1ére Edition de WISTA Morocco (Texte Intégral)

Marine Marchande
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A l’occasion de la célébration le 5 mars à l’ISEM, de la Journée Internationale de la Femme, Women International Shipping and Trading organisée par WISTA Morocco, la Directrice de l’ISEM Mme Amane FETHALLAH a lu un discours qui constitue un véritable plaidoyer en faveur de la femme maritime que nous reproduisons en intégralité. 

"C’est un réel plaisir de vous souhaiter la bienvenue à l’ISEM, pour cet événement organisé à l’occasion de la Journée internationale de la femme. Je voudrai commencer par saluer La Women’s International shipping and Trading Association, pour son attachement à la cause de la femme des secteurs maritime et portuaire, à sa position, à ses rôles et à ses droits.

Aujourd’hui, nous allons écouter des discours, des communications, et des témoignages qui vont mettre la lumière sur le rôle important que joue  la femme marocaine qui œuvre dans le secteur maritime, un secteur qui aura été historiquement à plus forte dominante masculine et totalement inaccessible à la gente féminine pour ses postes de responsabilité en particulier.

Bien au-delà, notre présence toutes et tous met aujourd’hui l’accent sur nos aspirations au mieux vivre ensemble, au droit de tout un chacun à la liberté des choix, au droit à l’éducation et au droit à la formation et à l’égalité des chances. Il est certes révolu le temps où la femme était considérée comme un porte malheur à bord des navires.

Nous avons passé l’époque où des femmes scientifiques devaient se travestir pour monter à bord comme l’a fait au 18eme siècle  la botaniste Jeanne Barret pour participer à l’expédition de Bougainville.

Mais il y a juste trente ou quarante ans, il n’était pas encore admis que des femmes travaillent aux côtés des hommes dans un environnement considéré hostile et isolé du reste du monde. L’innovation technologique et technique et l’accès des femmes aux études supérieures ont, en effet, élargi notre cadre de vie ; les limites d’autrefois sont devenues de simples défis, que bien des femmes ont levés bravant au passage les stéréotypes et les idées reçues.

Des femmes marins accèdent aujourd’hui à bord aux postes de commandement à la barre et en machine. L’égalité des chances en matière d’emploi, a permis à d’autres compétences féminines de l’économie maritime d’accéder à des postes de responsabilité et de briser le fameux plafond de verre.

Mais ces défis restent minoritaires et constituent l’exception. L’accès à  des postes de responsabilité dans le maritime aura été lent et reste  difficile. Alors que l’école de Tit Mellil a ouvert ses portes tôt aux femmes faisant, dès 1951, de feu Touria Chaoui la première femme pilote de notre pays, l’accès de la première jeune fille à l’ISEM ne s’est fait que 10 ans après son l’ouverture et il a fallu attendre l’année 1995 pour que soit diplômée Mme Amina Bouchaaba la première femme capitaine au long court de notre pays.

Les efforts demeurent nécessaires et nous devons les soutenir tant que l’amélioration de la condition de la femme marin reste inscrite parmi les objectifs du millénaire pour le développement.

Des efforts doivent se consentir et se poursuivre tant que des organismes comme l'OMI prévoient des Programmes pour l'intégration des femmes dans le secteur maritime, et affiche comme premier objectif l'encouragement de ses États Membres à ouvrir les portes de leurs instituts maritimes pour que les femmes puissent être formées aux côtés des hommes et acquérir ainsi le niveau de compétences exigées dans le secteur des transports maritimes.​

La lutte doit se poursuivre pour que les jeunes filles puissent avoir le droit de se former et accéder aux métiers de leur choix. Nous avons donc ce devoir, une obligation, quel que soit le niveau, de faire en sorte que les femmes puissent accéder à toutes les filières.

Il y a deux ans quand je suis arrivée à l’ISEM, lors du concours de recrutement, la question du nombre de places à réserver aux jeunes des jeunes filles ayant réussi le concours et à admettre dans nos parcours m’a été posée. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une autre problématique, celle de leur embarquement qui s’avère encore plus difficile que celui de leur camarade de sexe masculin. Ceci dans un contexte où les jeunes filles sont souvent majors de promotions ou classées parmi les meilleurs à l’instar des jeunes filles des autres établissements d’enseignement supérieurs et pour d’autres disciplines. Un contexte où comme je l’ai dit la technologie a changé la donne et ne peut plus constituer un  barrage.

L’égalité réelle entre les femmes et les hommes part et doit partir, en effet, de ce genre de constat. Le constat que les inégalités persistent et se cumulent: dans la sphère familiale comme dans la sphère professionnelle, dans la nature des relations entre les femmes et les hommes comme dans la représentation sociale.

D’une manière générale, qui ne constate les disparités de situations qui persistent et dont les femmes sont encore victimes dans bien d’autres domaines que  la formation ? Quel bilan faire et que dire de l’effectivité des principes de la parité, dans toutes les classes sociales et à tous les niveaux de responsabilité ?.

Des initiatives comme celle WISTA, aujourd’hui ne sont pas là uniquement pour mettre la lumières sur des carrières brillantissimes ou pour nous remémorer l’Histoire et nous rappeler toutes les étapes du combat des femmes mais c’est surtout pour poursuivre et prolonger la démarche en faveur des droits de la femme engagée depuis bien longtemps.

Dans notre pays la démarche en faveur des droits de la femme a une base solide et elle est portée en tout haut lieu par sa majesté le Roi que dieu l’assiste. Nous avons nous les femmes marocaines deux journées à célébrer, celle d’aujourd’hui, journée internationale et celle du 10 octobre en célébration de l’annonce par Sa Majesté le Roi Mohammed VI des orientations générales de la réforme du Code de la Famille pour que notre Maroc avance dans ses choix de démocratisation et d’égalité des chances. Le 10 octobre  de l’année 2003 est en effet une journée historique pour le mouvement des droits des femmes au Maroc, notre journée nationale à nous. Ce jour là, Sa majesté,  a en plus donné ses directives pour que la société civile, se mobilise pour la mise en œuvre de ces orientations. Son discours  a par ailleurs prôné l’ijtihad mettant ainsi fin aux  préjugés collectés contre l'Islam, l’incriminant de discrimination à l'égard des femmes.

Aujourd’hui grâce à l’ijtihad des droits sociaux ont été arrachés, car oui ils s’arrachent et ne se donnent pas. ces droits ont  permis aujourd’hui à grand nombre de femmes d’ être les égales des hommes dans bien des domaines,

Permettez-moi excellence, mesdames et messieurs de m’adresser particulièrement aux femmes pour dire que tous ces instruments ne suffisent pas. Le travail en faveur des droits de la femme commence et doit être initié par chacune d’entre nous.

Nous mères devons endosser et nous approprier un rôle essentiel en éduquant nos garçons au respect de la gente féminine. Elevés et éduqués au respect, à l’égalité et à la mixité, une fois adultes, ils savent qu’aucun métier ne peut être fermé aux femmes.

En respectant leurs sœurs, jeune homme, nos garçons sauront respecter leurs camarades de classe, et une fois adultes et responsables ils sauront considérer leurs collègues et épouses. Ce rôle doit aussi être rempli par l’école. Car c’est là et dès les plus jeunes âges que tout s’apprend.

On y apprend l’égalité et on y combat tous les préjugés et les stéréotypes. Je pense qu'il y a une prise de conscience pour toutes ces questions dans notre pays. Il y a, en effet, une vitalité absolument extraordinaire dans notre société et il faut s'appuyer sur elle pour construire une société équitable avec un environnement saint où l’individu femme ou homme n’est reconnu que pour ce qu'il apporte à la société.

Aujourd’hui la question de la femme dans les secteurs maritime et portuaire est d'abord et avant tout une question de reconnaissance, une question de justice. Nous avons des compétences féminines de haut niveau et nous disposons des moyens nécessaires et des outils adaptés. Je pense que dans notre pays la feuille de route est tracée et le processus est ancré dans les mentalités. La preuve en est là avec cette assemblée de grande qualité, avec la présidence de notre événement par notre ministre et la présence de vous tous nos collègues et amis hommes.

A vous toutes Mesdames et à vous tous Messieurs amis et collègues ; je souhaite la bienvenue dans notre établissement en mon nom et au nom de toute l’équipe et particulièrement les 30 étudiantes, soit 17 % de nos effectifs, les 11 enseignantes qui représentent 30 % de notre corps enseignants et les 17 techniciennes et cadres qui constituent 34  % de notre l’équipe administrative de l’ISEM.

Je vous souhaite une excellente journée, belle et riche d’échanges et de partages et vous remercie pour votre écoute.

Mme Amane FETHALLAH

Directrice de l’ISEM

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