Safi: le "Château de mer" lance un cri de détresse

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Safi, 07/04/10-Les multiples mises en garde des archéologues, depuis vingt ans, et les études sur les dangers qui guettaient "Qsar Labhar" (Le château de mer de Safi), sont restées quasiment sans effet. Ce joyau architectural, construit en 1508, et témoin d'une histoire commune luso-marocaine, est resté en proie à la négligence et à l'usure du temps, jusqu'à ce qu'il s'écroule partiellement dans la nuit du six mars dernier sous la pression des vagues, de l'érosion et de l'humidité.

Cette nuit marquera ce coup dur qu'a encaissé Safi après l'effondrement de la tour sud-ouest du Château de mer, chef d'Œuvre architectural, classé monument historique national en vertu d'un dahir du 20 février 1924.

 

L'effondrement qui n'était qu'une "conséquence logique" de l'état où se trouvait le monument déclenche, pour beaucoup, le compte à rebours de l'extinction d'une partie de la mémoire et de l'identité de Safi, de même qu'il atteste de la triste transformation d'un grand monument en amas de pierres qui s'effritent à coup de vagues.

En effet, de nombreux Safiots ont ressenti de l'amertume après avoir perdu l'une de leurs destinations les plus prisées et qui n'a cessé de séduire les photographes professionnels de même qu'elle a été une belle vitrine du patrimoine civilisationnel de leur ville.

Mais ce qui leur fait encore plus de la peine, c'est que personne n'était dupe de la situation où se trouvait "Qsar Labhar" et qui a fait l'objet de nombreuses études ayant proposé plusieurs alternatives et recommandations pour sauver ce monument, et qui, contre vents et marées, sont restées lettre morte.

Il y'a quelques années déjà, une étude menée par l'archéologue Mesfioui, Said Chemsi, avait identifié le risque que courait le Château de mer et avait proposé des solutions pour éviter le pire.

En effet, la falaise littorale Amouni qui s'étend sur 3 km (à partir du château de mer à côté du vieux port jusqu'à la falaise Lyhoudi ) est quotidiennement exposée à une érosion intensive qui entraîne un recul important de la côte.

En outre, l'instabilité de ce rivage est causée par des phénomènes naturels relatifs tantôt à la structure géologique tantôt à des phénomènes météorologiques. Il s'agit en fait, d'un sapement basal qui conduit à une disposition en porte-à-faux de la partie qui surplombe l'encoche de l'érosion, et par conséquent, à l'éboulement de certains blocs de la falaise, voire même un écroulement massif.
L'étude avait donc suggéré le remplissage des grottes avec des sacs en béton mais, une solution consiste à la fois à rétablir essentiellement le contact entre les parties hautes et basses au niveau des vides, et à neutraliser le travail mécanique de la mer.

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