Photo : port d’El Jadida (Mazagan) en 1908 ; pèlerins en attente d’embarquement vers les lieux saints de l'Islam. Les maladies se propagent essentiellement par voie maritime. Au XIXème siècle, à titre préventif, les Sultans du Maroc jettent les bases d’une police sanitaire fondée sur le principe de la quarantaine.
B.XVIIIème et XIXème siècle
En 1799, le pays souffre grandement de la peste introduite par un navire espagnol en visite au port de Larache.
Une deuxième épidémie se propage, en 1818, à partir du port de Tanger lors du retour des pèlerins.
Réagissant à ces évènements tragiques, le Sultan Moulay Slimane pose, en 1831, les fondements du contrôle sanitaire du pèlerinage.
À sa suite, le Sultan Moulay Abderrahmane promulgue, en 1840, un fameux firman qui demeure la référence jusqu’en 1916.
C.XXème et XXIème siècle
Toujours en vigueur, le Dahir du 5 janvier 1916 est le texte de base ; il porte sur la réorganisation de la police sanitaire maritime (B.O. n° 177 du 13 mars 1916, page 298).
Cette loi se distingue par la création du corps des agents sanitaires maritimes. Ils officient sous la tutelle du « comité sanitaire maritime ». Ce système génère alors un environnement qui protège le pays des ravages causés par les maladies contagieuses, encore fréquentes dans plusieurs régions du monde : choléra, peste, fièvre jaune, typhus et variole.
Ainsi, tout navire entrant dans les eaux marocaines doit, avant de toucher la terre, déclarer sa provenance. Après vérification, il est admis à ce que l’on appelle la « libre pratique » ; il y a alors aval sanitaire pour le transbordement des passagers et des marchandises.
Si un navire présente un risque, des mesures spéciales sont prises : orientation des malades vers un service hospitalier, prescription d’une vaccination, ou bien encore la désinfection des cabines et des bagages.
Par la suite, le Service du Contrôle Sanitaire aux Frontières est officiellement organisé en 1946, avec mise à disposition de locaux spéciaux, nommés lazarets .
Il est important de souligner que le Maroc est pionnier en la matière, car les dispositions du Dahir de 1916 sont reprises mot pour mot dans le règlement international adopté à Genève, le 25 mai 1951, par l’assemblée de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). En particulier, deux ans plus tard, le Maroc y adhère sans réserve (Dahir du 22 avril 1953).
On retiendra en substance que la fièvre aphteuse (1996), la grippe aviaire (2006), et à leur suite le corona virus (2020), représentent les tous derniers avatars des épidémies emblématiques qui ont, à la fois, marqué la mémoire collective et révélé l’efficacité sanitaire de notre système maritime au cours du siècle dernier.
FAIT À CASABLANCA, LE 17 MARS 2020