Microsoft s’offre les téléphones Nokia pour 5,4 milliards d’euros

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Microsoft et Nokia avaient déjà scellé une alliance dans les smartphones en 2011. – AFP

Le Finlandais se recentre sur les services et les réseaux en cédant ses téléphones portables au géant américain de l’informatique. Microsoft va payer 3,79 milliards d’euros pour l’activité téléphones portables elle-même et 1,65 milliard pour utiliser les brevets de Nokia. Venu de Microsoft, le patron de Nokia, Stephen Elop, rejoindrait le groupe américain à l’issue de l’opération. Nokia flambe en Bourse.

 

« Qui veut acheter Nokia ? », s’interrogeait le marché avant l’été. Parmi les candidats potentiels étaient cités Huawei ou Lenovo, mais c’est surtout le nom de son partenaire Microsoft qui circulait avec insistance . Avec raison : le groupe américain a annoncé ce mardi qu’il achetait les téléphones portables de Nokia pour 5,44 milliards d’euros (7,2 milliards de dollars).

Dans le détail, Microsoft paie 3,79 milliards d’euros pour l’activité téléphones portables elle-même et 1,65 milliard pour obtenir le droit d’utilisation des brevets de Nokia, qui restent donc propriétés du groupe finlandais. Au final, le gain net de la transaction va être de 3,2 milliards d’euros. Une nouvelle qui a réjoui le marché : le titre Nokia, très déprécié il est vrai, affichait un bond de 45% ce matin à Helsinki.

Les discussions entre les deux groupes ont débuté dès février. L’opération, encore soumise aux approbations des actionnaires et des autorités de régulation, devrait être finalisée au premier trimestre 2014. Steve Ballmer, le patron de Microsoft, s’est félicité de ce « pas audacieux vers le futur - gagnant-gagnant pour les employés, les actionnaires et les clients des deux entreprises ».

Deux partenaires

En récupérant les téléphones de Nokia, dans ce qui est sa deuxième plus grosse acquisition, après celle de Skype en mai 2011 pour 8,5 milliards de dollars, Microsoft espère pouvoir « intensifier ses succès dans les smartphones », a annoncé son PDG Steve Ballmer. Alors que pour l’instant, ses Windows Phone peinent à percer.

Avec Nokia, il met la main sur une marque encore très connue, mais faiblissante. Jadis le roi du mobile, Nokia a perdu son titre de marque la plus vendue du monde télécoms en 2012, au profit du puissant Samsung. Géant des téléphones mobiles simples, le groupe n’a pas réussi à prendre le virage des smartphones. Début 2011, sous la houlette de son nouveau patron Stephen Elop, venu de Microsoft, il a abandonné son système d’exploitation maison pour celui de l’Américain, tous deux espérant que cette alliance propulserait Windows Phone sur le podium des écosystèmes pour mobile, aux côtés d’Android de Google et d’iOS d’Apple. Les ventes de Lumia, le smartphone Windows signé Nokia, ont atteint 7,4 millions d’unités au deuxième trimestre. Loin, bien loin des performances d’un Apple ou d’un Samsung.

Le modèle Apple

En intégrant un équipementier télécom, le géant du logiciel copie le modèle économique d’Apple, qui contrôle la chaîne de valeur du hard au software. Steve Ballmer avait défini ce cap il y a un an, dans un courrier adressé aux actionnaires : il voulait faire de l’éditeur de Windows « une entreprise de terminaux et de services ».

Il semble aussi signer la fin de l’aventure en solo d’un autre roi déchu, BlackBerry, qui lutte pour tenter d’exister sur le marché des smartphones. Le Canadien a indiqué en août qu’il explorait toutes les alternatives stratégiques , y compris une cession.

Elop, dauphin de Ballmer  ?

Stephen Elop va quitter son poste de directeur général du Finlandais pour retourner chez Microsoft à l’issue de l’achat. Il est remplacé temporairement par Risto Siilasmaa. Le groupe finlandais évoque aussi un possible départ pour Microsoft des dirigeants Jo Harlow, Juha Putkiranta, Timo Toikkanen et Chris Weber, tous membres de la direction de Nokia.

De retour chez Microsoft, Stephen Elop serait l’un des favoris pour succéder à Steve Ballmer, qui a annoncé il y a deux semaines son intention de passer la main l’an prochain . Cela faciliterait la tâche du comité ad hoc monté pour trouver un successeur au patron de Microsoft, aucun nom ne s’imposant naturellement en interne.

Le nouveau Nokia

Nokia, pour sa part, va se concentrer sur son activité de services et la construction de matériels pour opérateurs de réseaux. Un mouvement déjà amorcé en juillet, lorsque Nokia avait absorbé la part de Siemens dans leur coentreprise de réseaux mobiles Nokia Siemens Network (NSN). Seul maître à bord de sa filiale d’équipements télécoms , après une opération coûtant 1,7 milliard d’euros, le groupe avait changé de profil, réalisant désormais moins de la moitié de son chiffre d’affaires dans les téléphones mobiles.

Impact en Finlande

Quelque 32.000 employés de Nokia passeront chez Microsoft, dont environ 4.700 pour la seule Finlande, où Nokia est encore le plus gros groupe du pays. « Nous n’avons pas de plans significatifs de relocaliser les postes de travail dans le monde dans le cadre de la fusion », a commenté Steve Ballmer pendant sa conférence téléphonique. « Nous reconnaissons le rôle de Nokia ici ».

Partez explorer la Finlande avec notre enquête La vie après Nokia (décembre 2012)

                                     Par  lesechos.fr  03/09 | 06:01 | mis à jour à 12:39

 

 

 

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