Le coordonnateur du Réseau des Associations Maritimes et Portuaires du Maroc a accordé un entretien à notre confrère Hassan LIF animateur de l'émission l'invité d'Atlantique sur Radio Atlantique, vu l'importance de cet entretien, nous le reproduisons ci-dessous pour les lecteurs et lectrices de MaritimeNews.
Ecouter cet entretien :
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Hassan LIF : Devant l’importance de l’industrie maritime et portuaire dans notre pays pourriez-vous nous présenter le secteur en quelques chiffres ?
- El Mostafa FAKHIR : Aujourd’hui, le secteur du transport maritime et le secteur portuaire au Maroc représentent un chiffre d’affaire annuel de 27 milliards de dirhams, pour un trafic de marchandises d’environ 70 millions de tonnes. Il faut savoir qu’aujourd’hui 95% des échanges avec l’extérieur se réalisent par voie maritime, c’est un secteur qui emploie 30 milles personnes entre emplois directs et indirects, c’est un secteur qui réalise un transport de 4 millions de passagers annuellement et 600 milles véhicules par an essentiellement des RME.
H.F : Quels sont les principales contraintes face au développement du secteur ?
- M.F : Si nous faisons un peu d’histoire, le royaume a initié une politique maritime qui s’est concentrée sur le développement de la flotte marchande durant les années 80.
En effet, durant l’année 1987, nous avons pu atteindre une flotte marchande composée de 66 navires avec une capacité de chargement de 660 milles tonnes, ce qui assurait au royaume la couverture de 25% de son commerce extérieur.
Durant les années 2000, on s’est orienté vers une politique qui vise principalement à développer les ports nationaux, nous avons eu le complexe portuaire Tanger Med, la réforme portuaire, le développement du port de Casablanca et les autres ports.
Malheureusement, cette stratégie a montré ses limites. Ce qu’il faut c’est avoir une cohérence d’ensemble ; une stratégie qui combine le développement du secteur portuaire en harmonie avec le secteur du transport maritime.
Malheureusement nous constatons qu’aujourd’hui la flotte maritime ne compte plus que 26 navires pour un total de chargement de 120 mille tonnes.
Aujourd’hui la réforme portuaire progresse mais avec un rythme très ralenti.
Qu’est ce que vous proposez vous les professionnels pour redresser le secteur ?
- Dans ce cadre les associations professionnelles se sont réunies dans le cadre d’un réseau d’association maritime et portuaire. Elles ont étudié, fait un diagnostic commun de la situation. Aujourd’hui sur les 27 milliards de chiffre d’affaire que réalise le secteur, 70% du chiffre est accaparé par des entreprises étrangères qui ne sont pas installées au Maroc. Le rendement fiscal pour le royaume est très faible. Nous avons des compagnies maritimes qui sont installées dans les paradis fiscaux tel que le LIBERIA le PANAMA et qui réalisent l’essentiel du chiffre d’affaire du secteur au Maroc, mais ne font pas bénéficier l’ensemble de l’économie de ces retombées.
- Ce que nous demandons clairement c’est une équité fiscale, un renforcement de l’arsenal législatif marocain pour pouvoir être compétitif sur le marché international.
Avec un code du commerce maritime qui date de 1919, est ce que n’est pas par cela qu’il faut commencer et revoir le texte dans son intégralité ?
- Effectivement, le code de commerce maritime qui était considéré dans le temps comme un code de commerce qui était en avant garde au niveau mondial a subi une centaine d’amendements, la dernière et la plus importante date de 1984, alors que le secteur a connu un développement au niveau technologique et législatif au niveau international très important.
- Aujourd’hui il n’est plus permis de parler du développement du secteur maritime quand on a encore un code de 1919 où on parle encore de l’empire chérifien et du franc français. Il y a eu des tentatives de modernisation de cet arsenal législatif en 2004 et en 2007, malheureusement ce chantier n’a pas été mené à son terme. Nous croyons qu’aujourd’hui le principal frein à cela est l’absence d’une gouvernance publique forte du secteur maritime. C’est pour cela que nous appelons clairement dans nos propositions à ce qu’il y ait une administration maritime forte et unifiée. Il faut savoir que le Maroc a connu son temps de gloire et son âge d’or lorsqu’on avait une administration forte qui initiée des politiques fortes qui permettaient le développement du secteur.
- Avec l’accord de libre échange sur le commerce des services entre le Maroc et L’Union Européenne, il y a un risque réel pour les opérateurs nationaux parce qu’en l’absence d’un cadre législatif normatif et réglementaire qui régente des activités tel que les courtiers d’affrètement, les agents maritimes ou les experts maritimes, nous aurons la concurrence des opérateurs étrangers non régis par le droit marocain qui peuvent opérer librement à partir de l’étranger au Maroc. Et là se pose la question de sa sécurité au niveau maritime, nous avons vu la dernière grève du port de Tanger Med, dés qu’il y a eu une mésentente entre le personnel d’un opérateur portuaire et la société manutentionnaire, la plupart des lignes maritimes ont déserté le port, et là se pose la question comment sécuriser un investissement colossal en l’absence d’un opérateur national capable de prendre le relais dans cette activité ?
Quels sont les objectifs escomptés à travers cette stratégie que vous voulez mettre en avant ?
- Les propositions sont les suivantes :
- d’ordre législatif ; la refonte de l’ensemble de l’arsenal législatif et réglementaire qui régit l’activité maritime et portuaire.
- une équité fiscale entre les opérateurs nationaux et étrangers
- une meilleure gouvernance publique à travers une administration maritime forte
- signer un contrat programme avec l’Etat Marocain dans la perspective d’avoir une part de marché à l’horizon 2017 d’au moins 35%, c'est-à-dire sur les 34 milliards de DH du chiffre d’affaire prévue en 2017, au moins 12 milliards soient captés par des opérateurs nationaux. La création de 10 milles nouveaux emplois additionnels, il faut savoir que chaque emploi créé dans le secteur maritime c’est la création d’une valeur ajoutée de 90 milles dollars par an dans l’économie nationale.
- Permettre de préserver la compétence maritime au Maroc et l’expertise maritime pour pouvoir initier de futurs chantiers tels que Nador West Med ou dans le futur le développement du pavillon Marocain.
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Le coordonnateur du Réseau des Associations Maritimes et Portuaires du Maroc a accordé un entretien à notre confrère Hassan LIF animateur de l'émission l'invité d'Atlantique sur Radio Atlantique, vu l'importance de cet entretien, nous le reproduisons ci-dessous pour les lecteurs et lectrices de MaritimeNews.