Aucune activité de pêche de la flotte européenne ne serait tolérée et tous les bateaux opérant dans le cadre de l'accord de pêche Maroc-UE étaient invités à quitter les eaux territoriales nationales mercredi avant minuit, a affirmé le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération dans un communiqué.
Cette décision fait suite au vote du Parlement européen ce mercredi contre l'extension du protocole annuel de l'accord de pêche entre le Royaume et l'UE, entré en vigueur à titre provisoire depuis le 28 février 2011. «La décision du Parlement européen marque ainsi un développement regrettable, aux conséquences sérieuses sur l'avenir de la coopération entre le Maroc et l'Union européenne en matière de Pêche», indique le ministère, soulignant que le vote du Parlement interpelle, à l'évidence, les autorités du Royaume quant à l'opportunité d'une réévaluation globale de son partenariat avec l'UE.
Le Parlement européen a procédé, ce mercredi, à un double vote au sujet des relations de pêche entre les deux parties. Par le premier vote, explique la même source, le Parlement européen a rejeté, par 326 voix contre 296 pour et 58 abstentions, l'extension du Protocole annuel de l'accord de pêche Maroc-UE. Le deuxième vote a, quant à lui, approuvé les paramètres qui, selon le Parlement, devraient guider les négociations pour la conclusion d'un nouveau protocole, mutuellement avantageux et «durable sur les plans économique, écologique et social».
À ce sujet, ajoute le communiqué, Abbas El Fassi, chef du gouvernement sortant, en concertation avec Taib Fassi Fihri, ministre des Affaires étrangères et de la coopération et Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture et de la pèche, souhaite apporter les éléments d'appréciation suivants :
Le Royaume du Maroc n'a pas été demandeur de la prorogation de l'accord de pêche. Il a répondu à une sollicitation vive et appuyée de la part de l'Union européenne, dans le cadre d'une vision stratégique commune et d'un partenariat agissant et solidaire entre le Maroc et I'UE. Dans ce cadre, le gouvernement marocain a négocié ce Protocole annuel sur la base d'un mandat clair et précis, confié à la Commission européenne par le Conseil de l'UE.
Suite à sa finalisation, ledit protocole a été dûment approuvé par le Conseil de l'UE, puis par la Commission «pêche» du Parlement, l'organe compétent en la matière, après que les Commissions «budget» et «développement» aient émis un avis technique défavorable.
Le rejet du Protocole a été justifié, de la part de nombreux parlementaires européens, par trois considérations : financière et budgétaire, économique et écologique, précise le communiqué. Sur le plan financier et budgétaire, la compensation financière octroyée au Maroc a été jugée très largement supérieure aux avantages économiques tirés par l'UE, dans un contexte de crise financière en Europe, alors que cette compensation ne s'élevait qu'à 36 millions d'euros par an.
Au niveau économique, le protocole a été considéré comme ayant un impact limité sur le développement du secteur des pêches au Maroc, alors qu'au plan écologique, la décision du rejet a été prise sur la base d'une évaluation sommaire arguant d'une surexploitation des ressources halieutiques. À cet égard, il convient de rappeler que le Maroc développe une stratégie intégrée, ambitieuse et globale pour la valorisation des produits de la mer, le développement d'une pêche performante et de qualité et la promotion des différentes filières du secteur halieutique. Le Royaume, poursuit-on, déploie également des efforts rigoureux pour préserver la biodiversité du milieu marin, lutter contre la surpêche, veiller à la reconstitution des stocks, protéger les espèces menacées et promouvoir des pratiques de pêche durable et responsable.
Il est également à relever qu'au-delà de ces arguments financiers, techniques et environnementaux, la campagne menée par des milieux hostiles à l'intégrité territoriale du Royaume n'a pas eu d'effet, comme l'illustre clairement le rejet, par le Parlement européen, le même jour et sur la même question, de trois projets de résolution liés à la question du Sahara marocain.
Par ailleurs, les autorités marocaines déplorent que la responsable du dossier au sein de la Commission européenne, qui a pourtant négocié et conclu ledit protocole au nom des États-membres de l'Union, ait failli à sa responsabilité première, celle de l'expliquer et de le défendre de manière appropriée devant les membres du Parlement européen. De même, le vote du Parlement interpelle, à l'évidence, les autorités du Royaume quant à l'opportunité d'une réévaluation globale de son partenariat avec l'UE, à l'heure où des négociations sont en cours dans le cadre de perspectives mutuellement prometteuses sur d'autres volets de coopération, à savoir le commerce des services, la mobilité et la réadmission, ainsi que la mise en œuvre du «Statut avancé», et notamment la perspective de l'instauration d'un Accord de libre-échange global et approfondi.
Enfin, conclut la même source, le Royaume poursuivra et renforcera sa stratégie de développement du secteur, dans toutes ses filières, aussi bien sur la base d'efforts nationaux endogènes que dans le cadre de nouveaux partenariats internationaux spécifiques et mutuellement bénéfiques.
Madrid désapprouve la décision
Le ministère espagnol de l'Environnement et des milieux rural et marin, a désapprouvé, mercredi, le vote du Parlement européen contre la prorogation de l'accord de pêche entre l'Union européenne et le Maroc, affirmant toutefois respecter cette décision. Dans un communiqué, le ministère réitère son soutien et son engagement en faveur de la flotte espagnole active dans les eaux marocaines, notant qu'il attend une notification de la commission européenne explicitant les termes d'application de la résolution adoptée par le PE.
Le Parlement européen a rejeté la prorogation dudit accord par 326 voix, contre 296 pour et 58 abstentions. La décision du PE a suscité la colère des armateurs espagnols, notamment ceux affiliés à la Confédération espagnole de la pêche (CEPESCA) et à la Fédération andalouse des associations de pêche (FAAPE) qui ont fermement dénoncé cette résolution qui porte préjudice aux intérêts du secteur de la pêche en Espagne
Pour réagir à ce post merci de vous connecter ou s'inscrire si vous n'avez pas encore de compte.