Voilà pourquoi le Maroc a mal dans son Maritime

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Dans son édition du 25 juin 2021, Aujourd’hui le Maroc a publié un article signé Ouchagour Leila (Les Suisses intéressés par les infrastructures au Maroc | Aujourd'hui le Maroc (aujourdhui.ma)), et qui a pour titre « Les Suisses intéressés par les infrastructures au Maroc ».

D’emblée, on peut lire : « Le Maroc s’est inscrit depuis plusieurs années dans la réalisation des projets d’infrastructures de grande envergure qui lui permettraient de faire partie des grands corridors de transports et d’intégrer un réseau mondial de commerce plus large. Pour y parvenir, le pays relie ses grands pôles industriels et assure une fluidité de son activité portuaire grâce à des stratégies ambitieuses. Partant de là, il a élaboré des plans sectoriels offrant d’importants gisements de croissance, notamment avec le Plan routes à l’horizon 2035, la Stratégie nationale pour le développement de la compétitivité logistique à l’horizon 2030, les réformes entreprises et la libéralisation des différents modes de transport, le Plan national de l’eau, le Plan rail 2040 et la Stratégie portuaire nationale à l’horizon 2030. « Il est très important de souligner que ce sont des projets à long terme et qui transcendent les mandats gouvernementaux. On ne travaille pas dans une logique court-termiste. On s’inscrit plutôt dans une vision pays », tient à préciser Adil Bahi, directeur de la stratégie et des ressources du ministère de l’équipement, du transport, de la logistique et de l’eau lors d’un webinaire sur le thème « Infrastructures : Quels grands projets pour améliorer l’attractivité du Maroc et quelles pistes de coopération avec la Suisse ? ».

Selon l’auteure de l’article en question, ce webinaire qui s’est déroulé le 24 juin 2021, était l’occasion, pour ce haut responsable de s’arrêter sur les grands projets d’infrastructures en réalisation ainsi que les perspectives de partenariats avec la Suisse.

En effet, un aperçu a été donné sur les projets conduits par le ministère susvisé relatifs au réseau routier, aux voies express et autoroutes, aux autoroutes futures, au rail et aux chantiers portuaires.

Nous n’allons pas nous intéresser à l’objectif visé par ce webinaire, à savoir trouver les pistes de coopération avec la Suisse, en lui présentant les grands projets susceptibles de l’attirer vers notre pays ; mais, en notre qualité de professionnels des métiers de la mer, une question nous interpelle après la lecture ce cet article : quelle est la place de la marine marchande en général et du transport maritime en particulier, dans cet éventail de grands projets en cours de réalisation par le ministère de tutelle ou en projet ?.

On aurait pu passer cette question sous silence, mais nous voulons juste manifester notre réaction vis-à-vis de ce qui touche notre secteur d’activité, sachant que nous aurons prochainement les occasions pour débattre encore une fois les questions clés qui nous préoccupent aves les instances idoines. Aussi, sommes-nous intéressés à cette question parce que la personne qui s’est exprimée lors du webinaire susvisé fait partie, si l’on peut dire, du top management du ministère, puisqu’elle occupe le poste de directeur général de la stratégie, des ressources et des affaires techniques et administratives. Les secteurs routier, ferroviaire, logistique et portuaire ont été cités en mettant en exergue leurs stratégies validées avec des échéances bien établies : 2035 pour les routes, 2030 pour le développement et la compétitivité logistique, 2030 pour les ports et 2040 pour le ferroviaire. 

Par contre, une simple allusion a été faite au secteur maritime et de manière timide, pour l’inclure parmi les différents modes de transport qui ont connu des « réformes » ayant conduit à leur libéralisation. Doit-on comprendre alors que tout est fini et qu’il ne faut plus continuer à espérer la mise en place d’une stratégie visant le développement du secteur maritime dans sa globalité et la relance du pavillon national ?

Malheureusement, les faits que nous citerons ci-après nous rendent assez pessimiste à cet égard :

D’abord, une visite du site web du ministère, permet de constater cet état de choses, surtout si compare le maritime et le portuaire ; la stratégie de ce dernier est bien exposée, mais peu d’informations sur ce qui concerne le secteur maritime. Ceci confirme d’ailleurs ce qu’avait fait remarqué la direction stratégique du ministère des finances, il y a quelques années, à savoir que « le transport maritime au Maroc connait deux tendances opposées : un processus de développement soutenu des infrastructures portuaires et un pavillon national en déclin ».

Ensuite, lorsqu’il était question, tout récemment d’organiser l’opération Marhaba 2021, le ministre de tutelle a fait savoir que son département va affréter deux navires pour assurer le transport de nos ressortissants Marocains pendant cet été. Une solution provisoire pour un problème structurel qui semble s’éterniser ? On l’aurait compris, si au moins il avait annoncé la nouvelle, en regrettant que notre pays ne dispose pas assez de navires sous pavillon national, pour qu’il soient mobilisés à cette fin et faire allusion à la stratégie « en cours d’élaboration » relative au domaine maritime. Rien de cela. Nous estimons que le ministre a raté une occasion d’or, qui lui aurait permis de mettre en valeur le fait de disposer de navires sous pavillon marocain dans des circonstances pareilles, de convaincre et de faire adhérer tous les départements encore réticents et qui hésitent à contribuer au développement et à la relance de notre pavillon, les répercussions, économiques et surtout sociales d’une telle initiative ne sont plus à démontrer.

Nous n’attendons pas de réponse ; mais encore une fois, c’est une bouteille à la mer qui attestera un jour que nous n’avons jamais cessé de tirer la sonnette d’alarme, chaque fois que l’occasion se présente et que nous tendons toujours la main pour participer à tout ce qui peut être utile au développement à notre pays.

Tout simplement.  

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