Rabat, 3 juillet 2025 – Une étape stratégique a été franchie pour le futur du financement du commerce international au Maroc. À l’initiative de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), en partenariat avec l’expert international André Casterman, une conférence de haut niveau a réuni décideurs, juristes, banquiers, experts technologiques et représentants d'entreprises autour de la loi type MLETR (Model Law on Electronic Transferable Records) et des nouvelles normes numériques telles que l’ISO 20022.
Dans un contexte où la circulation de la valeur entre acteurs économiques devient de plus en plus numérique, cette journée intense de réflexions et de propositions a mis en lumière une conviction partagée : le Trade Finance de demain sera digital, mais aussi inclusif, souverain et interopérable.
MLETR : une loi au service de l’accès au financement
Lors de cette rencontre, une intervention particulièrement applaudie a marqué les esprits. Elle a remis au centre des débats un enjeu fondamental : la finalité sociale et économique de la digitalisation du commerce.
« La MLETR n’est pas une fin en soi. Elle doit devenir un levier d’accès au financement, notamment pour les petites et moyennes entreprises exportatrices, souvent fragiles et insuffisamment outillées face aux exigences des chaînes de valeur mondiales. »
Le propos est clair : pour que la MLETR produise ses effets, elle doit être accompagnée d’une structuration juridique et documentaire solide en amont. Une créance numérisée ne sera mobilisable que si elle est juridiquement opposable, fiable, et protégée par des clauses contractuelles équitables. Cela suppose également la reconnaissance de documents commerciaux simples, parfois écartés par les standards internationaux trop rigides.
Former, accompagner, transformer
Une autre exigence forte s’est imposée au fil des échanges : la formation et l’accompagnement des acteurs. Les entreprises, mais aussi les juristes, les institutions financières et les administrations doivent s’approprier cette nouvelle architecture du Trade Finance pour en faire une opportunité de développement, et non un facteur de nouvelles inégalités.
La digitalisation du commerce ne doit pas creuser les asymétries d’accès au financement. Au contraire, elle doit permettre d’ouvrir les portes du crédit et de la confiance à tous les acteurs, y compris les plus petits.
Une convergence stratégique avec les crypto-actifs
Autre point majeur évoqué : l’interconnexion entre la MLETR, l’ISO 20022 et les régulations liées aux actifs numériques (cryptomonnaies, stablecoins, monnaies digitales de banque centrale – CBDC). Comme l’a souligné Clément C. lors de son intervention, aucune réforme juridique ne peut être pensée isolément dans un écosystème numérique globalisé.
Il devient impératif de croiser la réflexion sur le Trade Finance avec les lois marocaines sur les paiements électroniques, les cryptos, et les infrastructures de confiance numérique, afin de construire un cadre juridique cohérent, souverain, et compétitif.
Une vision pour demain : une loi vivante et juste
L’orientation est claire : penser la MLETR comme un outil de justice économique, au service de l’équité contractuelle, de la compétitivité nationale, et de l’intégration inclusive dans les chaînes de valeur mondiales.
Mais cette ambition ne pourra aboutir sans un effort collectif, interdisciplinaire et concerté. Juristes, banquiers, techniciens, décideurs publics, institutions internationales, start-up, grandes entreprises et PME doivent agir de concert pour bâtir ensemble un Smart Trade Finance réellement au service de l’économie marocaine.
Vers un commerce digitalisé, mais aussi humanisé. Vers une finance connectée, mais aussi équitable. Le Maroc trace aujourd’hui les lignes d’un avenir où la technologie sert d’abord les besoins réels des entreprises et des citoyens.
Pour réagir à ce post merci de vous connecter ou s'inscrire si vous n'avez pas encore de compte.