LE CADEAU DE LOUARDI AUX PHARMACIENS D’OFFICINE

Commerce Exterieur
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LES INDUSTRIELS REJETTENT CE SCHÉMA QUI LEUR FAIT PERDRE 600 MILLIONS DE DH

UNE RÉUNION PRÉVUE LUNDI PROCHAIN POUR ANALYSER LE PROJET DE DÉCRET

 

VOICI une décision qui va encore soulever une tempête chez les industriels de la pharmacie. Dans un projet de décret dont L’Economiste détient une copie, El Haussaine Louardi, ministre de la Santé, s’apprête à accéder à la quasi-totalité des requêtes des pharmaciens d’officine dans la bataille de la répartition des marges qui va résulter de la baisse des prix de vente des médicaments. Bataille relevée en juin dernier en exclusivité par L’Economiste.  Le ministre envisage en effet de relever à 57,24% la marge brute des pharmacies d’officine sur les produits de moins de 166,54 dirhams (prix fabricant hors taxes), vendus à 285 dirhams PPM. Soit environ 90% des médicaments en vente en pharmacie d’officine. Pour les médicaments dont le prix varie entre 588,79 et 1.766,36 dirhams, ils percevront une marge forfaitaire de 300 dirhams. Au-delà, ils toucheront un forfait de 400 dirhams. Auparavant, la marge des officines était de 42% sur les prix hors taxes grossistes. Mais les pharmaciens ont toujours communiqué sur les 30% sur les PPM. Quant aux grossistes, ils ne sont pas concernés par ces changements.

La nouvelle structure des marges s’applique aussi bien aux princeps qu’aux génériques, fabriqués localement ou importés. Le projet de décret a été transmis par Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement, à Najib Boulif, ministre des Affaires générales et à Abdelkader Amara, ministre de l’Industrie. Pour le moment, les industriels n’ont pas été saisis officiellement, mais le schéma qui figure dans le projet a eu l’effet d’une bombe dans la profession. Une mauvaise surprise après leur retour de vacances. «On pointe toujours du doigt la cherté du médicament. Or, si les produits pharmaceutiques sont chers, c’est à cause du coût de la distribution. Avec l’augmentation de la marge des pharmaciens d’officine, l’on ne fait qu’aggraver la situation», tempête un industriel. Sur un médicament vendu à 100 dirhams PPM, un pharmacien touchera une marge brute de 57,24 dirhams contre 42 auparavant. Mais les industriels perdront au change. Selon les estimations de l’industrie, ce transfert de marge se traduira par une érosion de celle des industriels de 6,7%. Soit 600 millions de dirhams, selon les estimations de la profession.

Pour rappel, le marché privé des médicaments s’élève à environ 9 milliards de dirhams le prix grossiste hors taxes. Un transfert de marge qui intervient quelques mois après la signature d’un contrat-programme avec le gouvernement. «Si le projet de décret est adopté, nous suspendrons toutes les dispositions prévues dans la feuille de route du secteur. Ce texte va à l’encontre du développement du secteur et se traduira par le gel des investissements, des recrutements, de l’export», affirment les professionnels. La corporation avait déjà rappelé au ministre de la Santé que le protocole signé en juin 2012 prévoyait les modalités de baisse des prix des médicaments au profit des citoyens, mais ne comportaient pas de clauses sur un éventuel transfert de marge au profit des pharmaciens d’officine.

Les industriels, qui crient à la «double peine» (baisse des prix et transfert de marge), ont décidé de faire front commun pour s’opposer au projet de décret. Les divergences seront mises de côté. Une réunion entre les trois associations est prévue lundi.

 

Quid des patients? Le réaménagement de la marge bénéficiaire des pharmaciens d’officine n’aura aucun impact sur eux. La baisse des prix promise par la tutelle n’étant pas encore à l’ordre du jour.

Le  2013/09/20  Par L’Economiste

 

 

 

 

 

 

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