Grande distribution: Ne pas freiner un marché en friche!

Commerce Exterieur
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A peine 10% de la demande passe par les grandes surfaces, Une saisine et une étude au Conseil de la concurrence, Le foncier toujours une barrière à l’entrée

 
L’étude sur les grandes surfaces vient à point nommé. Elle est la 2ème du genre après celle des télécoms à être présentée, mardi 5 juillet à Rabat, par le cabinet Messnaoui Mazars pour le compte du Conseil de la concurrence.
Le hasard fait bien les choses. L’étude sur les grandes surfaces coïncide ainsi avec une très récente saisine du Conseil par l’Union générale des entreprises et des professionnels. Ce groupement défend les petits commerces et se plaint de la concurrence déloyale de la grande distribution. Il n’était pas présent au workshop au même titre que l’association de protection des consommateurs qui a tout de même était invitée. Abdelali Benamour, président du Conseil avertit d’emblée «qu’il ne s’agit nullement d’une auto-saisine» mais d’un workshop. Désormais les avis recueillis serviront d’abord à affiner ces études qui «constitueront un fonds documentaire pour d’éventuelle saisine».
L’Association marocaine du commerce moderne -représentant la grande distribution- n’a donc rien à craindre pour l’instant!
La présence de Rachid Hadni, directeur général de Label Vie, a été en partie salutaire pour nuancer certains constats de l’étude sur les grandes et moyennes surface (GMS). Une des conclusions-phares est l’absence d’une réglementation spécifique pour ce secteur ayant réalisé un chiffre d’affaires de 1,15 milliards de DH en 2009. Il provient à 95% de la commercialisation et la distribution des produits de grande consommation.Le secrétariat général du gouvernement, représenté par le juge Mourad El Fadili, est associé au débat. Légiférer permettra d’établir une nomenclature de classification, de préserver l’équilibre économique des zones géographiques et de protéger les petits commerces contre un éventuel effet d’éviction…
Messnaoui Mazars a livré un benchmark où la France se démarque dès 1969 avec sa loi interdisant la vente à perte avant de récidiver 41 ans plus tard avec un texte sur la modernisation économique. Ce pays relèvera ainsi le seuil des procédures d’octroi des autorisations d’implantation. Ce qui permet de prévenir une éventuelle capture des circuits de distribution. La Grande Bretagne, elle, n’a pas de réglementation, puisque sa tradition juridique se base surtout sur un droit jurisprudentiel. Il y a donc matière à creuser. Le Plan Rawaj dédié à la mise à niveau du commerce intérieur a visiblement fait l’impasse sur ce point.
Il faudra pourtant bien s’intéresser aux expériences internationales le jour où le débat sur les marges arrières (officiellement inexistantes au Maroc) ou l’encadrement et la transparence des relations grandes surfaces-fournisseurs se fera ressentir. Nous en sommes pas encore là. Ce juridisme ne devra pas «freiner le développement d’un marché peu mature», insiste le DG de Label Vie. Le secteur détient «plus de 10% de la demande du commerce intérieur», indique l’étude. Le Maroc est devancé par la Tunisie (1ère) mais précède l’Egypte. La grande distribution doit composer à la fois avec l’informel, les petits commerces et la rareté du foncier.
La concurrence avec les promoteurs est d’ailleurs «rude». Le foncier (autant que l’absence de réglementation) constitue des barrières structurelles à l’entrée pour les enseignes internationales ou celles de hard discount (Lidl, Aldi…). Un détail surprenant: Les grandes surfaces «pratiquent déjà des prix très bas», précise Messnaoui Mazars.
Au moment où le ministère du Commerce et de l’industrie rassure timidement sur le foncier: «il y a une semaine le schéma d’urbanisme commercial a été mis au point avec le ministère de l’Habitat. Il institue une commission régionale qui tranchera sur les autorisations d’implantation…». Jusqu’à 2010, l’on compte 106 magasins. La première enseigne a été lancée il y a 25 ans. Les 4 opérateurs sont surtout implantés dans les métropoles Casablanca, Rabat, Fès, Marrakech.

Les villes moyennes attirent aussi. Car la demande «va évoluer» grâce au développement démographique, la hausse du pouvoir d’achat, du changement des modes de consommation… Il faudra donc anticiper pour mieux baliser le chemin.

"Article paru sur l'economiste du 6/7/2011"

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