Il y a près d'un an, en janvier dernier, le PDG du constructeur naval Navantia, Ricardo Dominguez, indiquait que bien que les travaux de construction du patrouilleur commandé par le Maroc n'aient pas encore commencé, il était confiant. quant à l'exécution du projet, assurant qu'il "suit son agenda".
En effet, en avril 2020, le Maroc a lancé un appel d'offres pour la construction d'un navire de surveillance côtière (BVL), un patrouilleur de la classe Avante 1800. Le contrat a été remporté par l'espagnol Navantia pour un coût global. de 130 millions d'euros. La construction du patrouilleur devait commencer début 2022 et nécessitait un million d'heures de travail sur trois ans et demi, générant une main-d'œuvre de 250 emplois.
En juillet 2021 dans une déclaration au journal espagnol Diaro De Cadiz, en marge de la participation à un symposium sur l'industrie navale civile et militaire, le responsable a précisé que " la baie de Cadix attendait le début de la découpe de la tôle du patrouilleur de haute altitude commandé par le Maroc ". M. Dominguez s'est également réjoui que le contrat n'ait pas été impacté, ajoutant que le gouvernement marocain est toujours en train de négocier avec différentes entités le financement du programme, précisant que " les contacts entre Navantia et l'Administration de la Défense Nationale du Maroc sont permanents pour adapter toutes les spécifications techniques du navire aux exigences des FAR et de la Marine Royale Marocaine et pour respecter la feuille de route convenue lors des négociations ".
Ou sommes-nous à la mi-décembre 2021, alors que nos deux pays baignent tranquillement dans une querelle sans précédent, d'où la situation diplomatique tendue entre les deux pays ? Si l'on en croit "The digital voz", le projet a peu de chances de voir le jour. En effet, il est dit que "Le contrat avec le Maroc pour la construction d'un patrouilleur militaire pour sa marine est compromis". Et de poursuivre "Le Maroc a gelé le projet pour le moment en attendant la reprise des relations diplomatiques", affirmant que Rabat "a renforcé les liens avec d'autres pays pour sa politique de réarmement, Israël le 24 novembre, en exploitant ses relations avec les États-Unis et les Émirats arabes unis."
Le site déplore l'annulation du projet de construction du patrouilleur et indique que cet accord avait ouvert la perspective d'un autre de même nature et qu'aujourd'hui tous les espoirs de les voir se concrétiser sont anéantis. A cet égard, on se souvient que l'offre du Maroc d'acquérir 2 patrouilleurs destinés à la surveillance de ses côtes pour un montant de 260 millions d'euros avait aiguisé les appétits de trois équipementiers navals en 2019. Il s'agit du néerlandais Damen, du français Kership (Naval group) et du groupe espagnol Navantia.
C'est ce dernier qui l'a finalement emporté. Aujourd'hui, concours de circonstances, les chantiers navals publics Navantia n'ont plus rien à manger et sont dans une phase très délicate en raison de l'absence de commandes à court et moyen terme dans le carnet. En effet après le retrait des Etats-Unis, l'entreprise espagnole a perdu un beau marché, l'option de dix frégates pour l'US Navy. Ce n'est que le troisième revers subi par les entreprises espagnoles à l'étranger en moins de deux ans. L'Espagne avait déjà perdu un contrat avec l'Australie pour la construction de neuf frégates et un autre pour la construction de douze frégates pour la marine canadienne.
Le Brexit a été immédiatement remis en cause, il l'est en effet, solidarité anglophone oblige, c'est l'anglais BAE Systems qui en a bénéficié. Cette situation laisse l'entreprise espagnole de construction navale quasiment à sec sur ses quais et sur la scène internationale. Le Maroc devrait naturellement se tourner pour ses deux patrouilleurs vers le groupe français Kership (Naval group). Mais notre Royal Navy a d'autres achats en tête et les discussions avec le chantier italien Fincantieri, sur la vente de deux frégates furtives multi-missions (FREMM) de nouvelle génération pour la lutte anti-sous-marine, vont bon train, si ce n'est pas le cas. Les Grandes Muettes ont déjà été acquises, restant souvent sans voix lorsqu'il s'agit de questions de défense.
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