Le gouvernement espagnol autorise la prospection de pétrole aux Canaries

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altMADRID - Le gouvernement espagnol a autorisé vendredi la prospection de pétrole au large de l'archipel des Canaries, une opération qui sera réalisée par la compagnie Repsol et que contestent les autorités régionales, soucieuses de préserver l'attrait touristique de ces îles.

Les premières prospections (faites dès 2001, mais stoppées par la justice en 2004) ont révélé plusieurs gisements, à environ 70 kilomètres des côtes, près de la frontière maritime avec le Maroc qui a, de son côté, commencé à exploiter cette zone.

La production d'hydrocarbures dans ces gisements pourrait atteindre les 100.000 barils par jour, soit 10% des importations actuelles de l'Espagne en la matière, ce qui en ferait la plus importante découverte de pétrole dans ce pays.

Repsol, qui détient 50% du consortium explorant la zone, espère commencer à forer d'ici à environ deux ans, a expliqué à l'AFP un porte-parole de l'entreprise, qui devra d'abord remettre au gouvernement un rapport sur l'impact environnemental de ses activités.

Ses partenaires dans ce consortium sont les groupes australien Woodside (30%) et allemand RWE (20%).

Le gouvernement régional des Canaries a, quant à lui, d'ores et déjà fait part de son rejet du projet, craignant qu'il ne nuise à l'activité touristique de la région, et s'est dit prêt vendredi à prendre toutes les mesures légales possibles pour empêcher qu'il se réalise.

Le gouvernement central (espagnol) nous traite comme si nous étions une colonie perdue dans l'Atlantique. Cette décision ne sert qu'un objectif: bénéficier à une compagnie privée, a déclaré Paulino Rivero, le chef du gouvernement des Canaries.

M. Rivero, qui appartient à la Coalition des Canaries, un parti nationaliste revendiquant une plus grande autonomie pour ces îles, s'exprimait pendant une conférence de presse télévisée.

En 2011, la région des Canaries a été la plus visitée d'Espagne, derrière la Catalogne.

L'organisation écologiste Greenpeace a qualifié vendredi d'irresponsable l'autorisation donnée par le gouvernement espagnol.

Elle estime que celle-ci expose à un risque inutile les citoyens et l'environnement des îles alors qu'il existe des solutions alternatives intelligentes, efficaces, propres et bon marché pour répondre à la dépendance de l'Espagne vis-à-vis du pétrole.

Les opérations en eaux profondes supposent d'énormes risques de déversement, d'incendie et de pollution comme l'a démontré l'accident de la plate-forme de BP, Deepwater Horizon, en avril 2010 dans le golfe du Mexique, ajoute Greenpeace dans un communiqué.

Des manifestations contre le projet sont prévues pour le 24 mars dans plusieurs îles de l'archipel.

L'Espagne, qui ne produit actuellement qu'environ 2.000 barils par jour, est presque entièrement dépendante du pétrole qu'elle importe, même si un cinquième de son électricité provient de l'éolien, et la hausse des prix du brut a mis sous pression son économie, qui devrait renouer avec la récession dès ce trimestre.

Selon les calculs du précédent gouvernement socialiste, présentés en 2011, chaque hausse de 10 euros du prix du baril représente six milliards d'euros supplémentaires dans la facture énergétique du pays.

Le gouvernement de droite, qui a pris ses fonctions fin décembre, s'est, quant à lui, engagé à réduire le déficit public de 8,51% du PIB fin 2011 à 5,3% en 2012, puis 3% en 2013.

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