Lesieur-Maroc passe sous contrôle du groupe français Sofiprotéol.

Formation et Réglementation
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La SNI qui contrôlait Lesieur-Cristal à hauteur de 76% cède 41% de ses participations à un industriel professionnel des oléagineux, le groupe français Sofiprotéol, et remet le reste, 35%, sur le marché boursier de Casablanca à l'attention des institutionnels et des particuliers. De sorte que la SNI se retire totalement du capital de Lesieur-Cristal.

L'opération annoncée  par un communiqué conjoint de SNI et Sofiprotéol ne manque pas de sens d'un point de vue à la fois industriel et financier. Elle concrétise le changement de vocation de SNI qui avait annoncé en mars 2010, à l'issue d'un conseil historique, sa transformation en investisseur professionnel en lieu et place d'un groupe industriel contrôlant l'opérationnel de ses participations, et d'une réduction de son périmètre. 
En se retirant de Lesieur-Cristal, SNI en remet le pilotage industriel à un professionnel. Sofiprotéol est leader de l'agro-industriel français. Son expertise vaut promesse de bonne tenue des standards industriels et, vraisemblablement, dans le cadre du Plan Maroc vert, de plus grande intégration de l'amont agricole. 

Parallèlement, la cession aux institutionnels et au grand public de 35% du reste des titres de SNI dans Lesieur-Cristal redonne des couleurs à la Bourse de Casablanca. L'opération permettra à la place d'améliorer son taux de flottant -59% du capital demeurera entre les mains d'investisseurs en bourse. Par les temps qui courent, c'est une très bonne nouvelle. Au cours du dernier semestre, c'est par dizaines que des cessions et des introductions de marché international ont été reportées ou carrément annulées (cf. Dealogic cité par le quotidien français «Les Echos» du 21 juin 2011).

La crise grecque et les menaces d'insolvabilité de plusieurs pays de la zone euro entretiennent l'attentisme. Par contraste, l'accord SNI-Sofiprotéol peut être salué à l'actif du Maroc qui reçoit par ce biais 1.300 millions de dirhams d'investissements directs étrangers. Après
un plébiscite référendaire constitutionnel historique, le Royaume confirme donc son attractivité auprès d'investisseurs internationaux dans un contexte régional perturbé. Enfin, cette opération veut dire aussi que SNI posait bien un acte sérieux et réfléchi lorsque, en mars 2010, elle avait annoncé son changement de vocation.

Il est donc bien fini le temps où, par le contrôle opérationnel du groupe ONA (fusionné depuis avec sa maison mère SNI) et de ses filiales, le holding animait directement les opérations du secteur moderne de l'économie marocaine.
Le Groupe se replie sur le métier d'investisseur professionnel dont il avait détaillé la doctrine en mars 2010 : participations minoritaires orientées long terme, rôle d'incubateur, cession au marché des entreprises mâtures. 

L'arrivée de Sofiprotéol sera vraisemblablement bien accueillie aussi bien par le marché des titres que par les équipes internes et les partenaires de Lesieur-Cristal. Cette dernière, créée il y a près de 70 ans, est un peu la doyenne de l'industrie locale. Elle sera désormais adossée à un acteur dont l'expérience industrielle et les standards commerciaux devraient raisonnablement bénéficier aux consommateurs. Au Maroc, les oléagineux et leurs dérivés ne sont pas subventionnés.

"article paru dans le Matin du 12/7/2011"

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