L’agroalimentaire se projette en 2025

Formation et Réglementation
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Qui seront les clients de l’industrie agroalimentaire à l’horizon 2025? Quelles sont les motivations qui les pousseront à acheter un produit plutôt qu’un autre? Quels sont les moyens à mettre en œuvre pour développer l’activité au cours des 15 prochaines années?

Autant d’interrogations auxquelles les professionnels de l’agroalimentaire devront trouver des éléments de réponse. L’enjeu est de ne pas être pris de court par les tendances qui se dessinent à l’horizon 2025. C’est la raison pour laquelle la Fédération nationale de l’industrie agroalimentaire (Fénagri) a organisé, mercredi 26 octobre, une réunion de son comité d’orientation stratégique. Une quarantaine de dirigeants des plus grandes entreprises du secteur ont répondu à l’appel. L’exercice consiste à relever, dans le cadre de groupes de travail, les contraintes et les projections des professionnels pour les prochaines années. Le tout sous l’œil d’un expert de renom, spécialisé dans la prospective exploratoire, en l’occurrence Hugues de Jouvenel, DG du groupe Futuribles. Au terme des débats, le prospectiviste, qui vient au Maroc depuis une trentaine d’années et qui n’est donc pas en terrain inconnu, procédera à l’élaboration d’une vision à l’horizon 2025. A ne pas confondre avec la feuille de route 2010-2013 de la fédération.                                                                                


«Nous constatons qu’à part les secteurs identifiés par le plan Emergence, l’industrie n’est pas une priorité du gouvernement actuel. De par un certain nombre de problèmes transversaux, l’industrie a des difficultés à se développer et il n’y a pas de politique volontariste de l’actuel gouvernement», explique Amine Sounni Berrada, président de la Fénagri. Qu’en est-il du secteur de l’agroalimentaire? Différentes études, notamment celle de Mc Kinsey, montrent que cette industrie représente 4% du PIB contre 15% pour l’agriculture selon les années. En Europe, la proportion est exactement inversée. Le constat est donc que le Maroc produit de plus en plus de produits non valorisés. Une situation dans laquelle certains se complaisent, mais qui ne devrait pas perdurer. La Fénagri a d’ailleurs identifié plusieurs freins qui empêchent le développement de la filière. Il y a d’abord la fiscalité, qui est pénalisante et asymétrique par rapport à l’amont, qui est entièrement exonéré. Une situation qui devrait prendre fin car, dans le cadre de la nouvelle Constitution, l’agriculture doit contribuer elle aussi à l’effort fiscal.
L’accès aux intrants constitue également un obstacle, du fait que les matières premières, non disponibles sur le marché local à des prix compétitifs, sont souvent importées dans le cadre des ALE. Par ailleurs, les produits agricoles exportés sur l’UE sont en quelque sorte réimportés, mais avec une très forte valeur ajoutée.
Ces freins font l’objet d’un plan d’action 2010-2013. Ils ne sont pas donc concernés par l’élaboration d’une démarche prospectiviste à l’horizon 2025. «J’ai été frappé de constater que les pays du sud de la Méditerranée ont été encouragés par les pays industrialisés, la Banque mondiale et le FMI, à développer des agricultures d’exportation à faible valeur ajoutée plutôt que tournées vers le marché local», explique De Jouvenel. Le challenge est à présent d’explorer d’autres alternatives pour exporter des produits à plus forte valeur ajoutée et donc plus rémunérateurs.
L’enjeu est également de développer le marché local. D’ailleurs, que ce soit en UE, en Amérique du Nord ou en Asie, 75% des échanges commerciaux sont effectués à l’intérieur de ces marchés. D’où l’intérêt pour le Maroc de s’arrimer à un bloc régional pour développer son marché local. Or, «en dépit du potentiel agricole, le Royaume n’est pas capable de satisfaire la demande intérieure», affirme De Jouvenel, se voulant provocateur pour la «bonne cause». En clair, en s’efforçant de satisfaire la demande extérieure, le Maroc est devenu dépendant de l’étranger pour sa propre alimentation.
L’innovation consiste également à créer des marques marocaines qui seront des gages de qualité, de sécurité alimentaire et de traçabilité, sur les rayons aussi bien au niveau des marchés internationaux que locaux. En effet, le capital-marque est un élément fondamental. Par conséquent, les professionnels devront s’atteler à une démarche d’authentification et de marketing des produits nationaux.
Autre tendance observée, l’amélioration du pouvoir d’achat. Un facteur qui ne manque pas d’induire des changements de mode de consommation. En effet, de plus en plus de consommateurs prennent des repas à l’extérieur ou achètent des plats préparés. Le secteur devra donc s’ajuster par rapport à ce glissement des habitudes de consommation. Le consommateur de 2025, c’est le jeune internaute d’aujourd’hui. Un consommateur qui sera plus vigilant en termes de traçabilité, de qualité et de prix.

"paru sur l'economiste du 27/10"

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