Nizar Baraka, Ministre de l’Equipement et de l’Eau et Président du Réseau International des Organismes de Bassins (RIOB), a prononcé, ce mardi, un discours lors des travaux du Side Event vers la paix des bassins : «Hydro-diplomatie optimiste et résilience climatique», organisée dans le cadre de la 9ème édition du Forum Mondial de l’Eau qui se tient du 21 au 26 mars.
Dans son intervention, Monsieur Baraka a mis en exergue l’importance des eaux « partagées » dans le monde. Il a rappelé, à cet effet, que 46 % de la surface des continents sont dans des bassins fluviaux et des lacs partagés, que plus de 260 bassins-versants sont partagés entre deux ou plusieurs pays et environ 40 % de la population mondiale vit dans les bassins de rivières ou de lacs partagés entre Etats. En outre, « au niveau mondial, environ 2 milliards de personnes dépendent des eaux souterraines dont 300 aquifères sont transfrontaliers », a-t-il ajouté.
Cependant, « l’accès aux ressources en eau transfrontalière est toujours une source potentielle de conflits entre les pays de l’amont et ceux de l’aval », a relevé Monsieur Baraka, précisant que le continent Africain n’est pas épargné par cet enjeu. Et de citer le cas du fleuve Sénégal, long de 1 800 km et dont le bassin est partagé par la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. «L’hydro-diplomatie a permis la mise en place d’une gestion commune de ce fleuve entre les Etats signataires, et ce mode est souvent cité comme modèle », a-t-il fait observer.
Le Ministre de l’Equipement et de l’Eau a également cité le fleuve Congo, dont le bassin versant d’une étendue de 3 800 000 km² est partagé par dix pays de l’Afrique centrale, ou encore la Volta, fleuve de 1 850 km de long et avec un bassin de 400 000 km2 s’étendant sur six pays de l’Afrique de l’ouest. Par ailleurs, a noté Monsieur Baraka, l’eau souterraine est aussi concernée par ce partage des eaux, à l’image de l’aquifère Nubien, partagé entre 2 pays dans la région.
Selon le Ministre de l’Equipement et de l’Eau, un tel contexte climatique et politique appelle à « une bonne communication par l’établissement d’un mode de gestion adéquat ». « Ainsi, l’Hydro-diplomatie constitue un outil d’anticipation au service de la paix, et ce, à travers la simulation de l’espace inter-pays en un espace hydraulique commun où l’eau constitue un pont de paix, de fraternité et de solidarité », a-t-il expliqué. En effet, cette approche permet de : faciliter l’évaluation et le suivi des ressources en eau entre techniciens ; faciliter l’appréciation du risque du changement climatique et aider à la mise en place d’un plan d’adaptation ; et éviter la militarisation des conflits liés à l’eau notamment par la mise en place de conventions Win-Win.
Enfin, Monsieur Baraka a souligné que le Royaume du Maroc, où les ressources en eau sont quasi-renouvelables et prennent naissance à l’intérieur du pays, avec des échanges aux frontières négligeables, « milite pour une hydro-diplomatie anticipative et partagée pour asseoir une gestion commune de cette denrée rare entre les frères de notre continent Africain », a-t-il souligné, rappelant dans ce sens l’organisation par le Royaume du 1er Forum Mondial de l’Eau en mars 1997 à Marrakech ainsi que l’institution du Grand Prix Mondial Hassan II de l’Eau, remis cette année à l'Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS).
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