PARIS, 3 oct 2009 (AFP) - Le ministre de la Pêche Bruno Le Maire et le commissaire européen Joe Borg donneront lundi le coup d'envoi à Paris des Assises de la Pêche, deux mois de débats pour préparer la position que défendra la France lors des négociations sur la réforme de la politique commune de l'UE.
Ces Assises, qui se tiendront aussi sur le littoral, doivent définir la réponse que la France apportera au Livre vert que la Commission européenne a publié au printemps en vue des négociations, dès 2010, sur la Politique commune de la pêche (PCP) de 2012.
Le Livre vert souligne le trop grand nombre de bateaux en Europe par rapport aux ressources en poissons disponibles. Selon la Commission, 88% des stocks européens de poissons sont surexploités (contre une moyenne mondiale de 25%) et 90% du cabillaud présent en mer du Nord serait capturé avant d'avoir pu se reproduire.
Le document prône une réduction plus importante des flottes de pêche, le remplacement des quotas de capture nationaux par des quotas individuels que chaque pêcheur pourrait vendre ou échanger sur un marché privé, ainsi qu'une décentralisation des niveaux de prises de décisions.
Dans un contexte de crise (liée à la baisse des prix de vente et la hausse des coûts de carburant) et de raréfaction de la ressource, l'enjeu de ces Assises est aussi pour les pêcheurs français de réaffirmer leur place dans le monde de la mer après avoir eu le sentiment d'avoir été relégués derrière les écologistes.
"Lors des réunions de travail du Grenelle de la Mer, il y avait deux pêcheurs pour 13 représentants d'ONG", déplore Pierre-Georges Dachicourt, président du Comité national des pêches.
"Il faut qu'on ait une vision claire de l'avenir, et pas qu'on nous dise un jour blanc et un jour bleu", a encore expliqué M. Dachicourt. Il regrette que le président de la République ait eu "des discours très positifs" sur la pêche notamment à Boulogne-sur-mer (en faveur de l'assouplissement des quotas), avant "de faire trois pas en arrière" et d'annoncer, au Havre en juillet, que la France soutiendrait l'interdiction du commerce du thon rouge.
Il regrette également que "dès qu'on parle pêche on ne parle que de "+surcapacité+", ce qui "ne peut pas donner envie aux jeunes" de rejoindre ce secteur.
La pêche française s'est déjà engagée dans un plan de réduction de sa flotte. Le Plan Barnier pour une pêche durable et responsable, toujours en cours, allouait 235 millions d'euros en 2008 et 2009, pour l'envoi à la casse, sur une base volontaire, des navires les plus vétustes.
Les pêcheurs français sont également opposés à l'attribution de "quotas individuels" de pêche qui pourraient être revendus au plus offrant et aboutiraient à la concentration des entreprises de pêche et à "la mort des petits pêcheurs".
Les Assises de la pêche donneront lieu à des débats en région en octobre et en novembre. La réponse française doit être arrêtée avant la fin de l'année.
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