La pêche au Maroc et l’aquaculture en Tunisie sont d’importants créateurs d’emplois, et les deux secteurs jouent un rôle de plus en plus important dans les économies locales et leur développement à l’export. Mais pour les milliers de personnes qui dépendent de ces industries pour leurs revenus, réduire l’impact environnemental tout en ouvrant simultanément de nouvelles opportunités commerciales est nécessaire pour assurer une croissance résiliente des deux secteurs.
Les résultats de deux études, analysant le potentiel d’introduction de pratiques circulaires le long des chaînes de valeur de l’industrie marocaine de transformation du poisson et du secteur aquacole tunisien ont été présentés lors de deux événements en ligne à Tunis (8 octobre) et à Rabat (11 octobre). Dans le cadre du programme SwitchMed financé par l’UE, l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) a entrepris les deux études pour identifier les opportunités d’introduire des pratiques plus efficaces qui peuvent soutenir une industrie de transformation du poisson et d’aquaculture économiquement viable et écologiquement stable. Au cours des six derniers mois, les équipes d’étude ont interrogé les acteurs industriels le long de la chaîne de valeur marocaine de la transformation du poisson et du secteur de l’aquaculture en Tunisie.
Au Maroc, l’étude suggère un potentiel important d’augmentation de la valeur générée par les sous-produits de la transformation du poisson, à savoir l’industrie de la conserve et de la congélation du poisson, représentant 94% des sous-produits générés par l’industrie. Une meilleure ségrégation des sous-produits à la source (chaque type de sous-produits ayant une valeur précieuse spécifique lorsqu’ils sont séparés et conservés) permettra à l’industrie de la farine et de l’huile de poisson de s’intégrer sur des marchés de niche, tel que des matières riches en protéines, des enzymes, des hydrolysats, des produits aromatiques extraits de collagène ou d’oméga 3. Faire progresser la chaîne de valeur de la transformation du poisson pour produire des sous-produits à plus haute valeur-ajoutée contribuera à maintenir la valeur au sein de l’industrie de transformation du poisson nationale et à réduire le stress des stocks pélagiques en « produisant mieux avec des ressources moindres et diversifiées ».
« Pour préserver la base de croissance de notre économie bleue, nous devons nous appuyer sur des industries conscientes, capables d’effectuer leur transition vers des processus de production plus respectueux de l’environnement, des systèmes de production qui se régénèrent, n’épuisent pas les stocks de poissons et n’endommagent pas les écosystèmes aquatiques. » a déclaré Christophe FILORI, Chef de la Coopération, Délégation de l’Union européenne au Maroc.
Selon l’étude, les fermes aquacoles tunisiennes ont, par rapport aux normes internationales, un taux de conversion de l’aliment (FCR en anglais – Feed Conversion Rate) élevé. L’utilisation de technologies innovantes, telles que les « systèmes optiques pour surveiller et ajuster la ration alimentaire en fonction des conditions environnementales et du comportement des poissons », les « systèmes de distribution homogène » ou les « systèmes de nettoyage des cages nettes », réduirait le FCR et améliorerait l’alimentation excessive et la productivité des fermes aquacoles tout en réduisant l’impact environnemental négatif de la dispersion de substances exogènes conduisant à l’eutrophisation et à la modification des écosystèmes marins.
« Le résultat de l’analyse de la chaîne de valeur pose les fondations pour les activités futures de SwitchMed en identifiant des projets pilotes potentiels dans secteur aquacole qui démontreront l’utilisation de l’efficacité des ressources et amélioreront la circularité en Tunisie » a déclaré Bassel AL-KHATIB, directeur régional de l’ONUDI et représentant de l’ONUDI en Tunisie.
La prochaine phase de la composante économie bleue SwitchMed de l’ONUDI au Maroc et en Tunisie mettra en œuvre des projets pilotes pour démontrer le plein potentiel de solutions innovantes, telles que l’introduction de technologies SMART et la valorisation des sous-produits de transformation des produits de la pêche à l’échelle industrielle.
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