Maersk appelle à une taxe carbone sur le transport maritime mondial

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Pour accélérer la transition énergétique, Maersk propose l'instauration d'une taxe carbone de 150 euros par tonne de CO2 sur le carburant dans le transport maritime.

Maersk va plus loin dans son engagement en faveur de l'écologisation du transport maritime. Le numéro un mondial du transport par conteneurs propose que le secteur soit soumis à une taxe carbone d'au moins 450 dollars par tonne de carburant, ce qui correspond à 150 dollars par tonne de dioxyde de carbone (CO21) émise.

Pour son PDG Soren Skou, cette taxe serait "conçue pour combler le fossé entre les combustibles fossiles utilisés par les navires aujourd'hui et les alternatives plus respectueuses de l'environnement qui sont actuellement plus coûteuses."

L'armateur danois exhorte le régulateur mondial à adopter un mécanisme commençant à environ 50 dollars en 2025 et augmentant progressivement jusqu'à au moins trois fois ce montant au cours des années suivantes.

Bien qu'il soit lui-même un gros consommateur de carburant marin, Maersk milite pour une politique ambitieuse dans ce domaine et estime que l'OMI ne va pas assez vite dans sa réglementation.

"Un impact énorme sur la transition vers des carburants plus écologiques".

Cette proposition intervient alors que l'Organisation maritime internationale (OMI), qui dépend des Nations unies, se réunit à la mi-juin à Londres et devrait notamment se pencher sur les objectifs de réduction des émissions du transport maritime.

L'agence onusienne avait signé le 13 avril 2018 un engagement à réduire les émissions de CO2 de la flotte mondiale de 50% d'ici 2050 par rapport aux niveaux de 2008.

Des transports plus coûteux

Au sujet d'une éventuelle augmentation du coût du transport et du coût des marchandises pour le consommateur final, Soren Skou estime qu'au vu des économies d'échelle de son activité de paquebot, "le prix d'une paire de baskets n'augmenterait que de quelques centimes."

Selon lui, les sommes ainsi collectées serviraient à subventionner les carburants propres et à soutenir les pays en développement "dont le soutien est important au niveau de l'OMI".

Toutefois, pour Maersk, la mise en œuvre d'une telle taxe nécessiterait que les États du pavillon soient responsabilisés et que "la collecte de données par l'OMI ne soit pas laissée de côté comme ce fut le cas pour la limite de 0,5% de soufre dans les carburants marins (OMI 2020)".

Si la taxe était mise en œuvre, le patron de Maersk s'attend à ce que cette mesure ait "un impact énorme sur la transition vers des carburants plus verts" et même qu'elle affecte la consommation mondiale de pétrole.

Un leader mondial engagé

Une fois encore, on ne peut s'empêcher d'être frappé par la taille de l'acteur qui prend cette position forte. Son poids a le potentiel de créer une dynamique chez les armateurs les plus en vue et de faire pencher les discussions internationales vers une accélération de la transformation énergétique du transport maritime, alors que les opérateurs sont généralement les plus réticents au changement.

Maersk emploie plus de 80 000 personnes, dispose de 16,8 % de la capacité mondiale (soit 4,12 millions d'EVP) et possède et affrète plus de 700 porte-conteneurs.

Le groupe a été le premier à annoncer son intention de devenir neutre en carbone d'ici 2050. Et il a déjà entraîné dans son sillage certains de ses concurrents sur la voie de la décarbonisation.

Maersk a fait état d'une baisse de près de 42 % de ses émissions en 2020. En février, la compagnie danoise a annoncé le lancement en 2023 de son premier navire fonctionnant au bio-méthanol, qualifié de "neutre en carbone", soit sept ans avant le calendrier initial.

Maersk a déjà annoncé que tous ses futurs nouveaux navires devront pouvoir fonctionner avec des carburants neutres en carbone, ou avec du VLSFO (fuel à faible teneur en soufre) conventionnel.

Le transport maritime, qui émet environ 940 millions de tonnes de CO2 par an, soit 2,5 % des émissions mondiales selon l'OMI, utilise également les carburants les plus polluants, comme le fioul lourd. Maersk estime que les 70 000 navires marchands opérant dans le monde consomment près de 300 millions de tonnes de fioul chaque année.

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