Apparemment, la forte taxation est dissuasive. Le cas des boissons alcoolisées est édifiant à cet égard. La dernière hausse de la Taxe intérieure de consommation (TIC) a coûté à la Société des brasseries du Maroc, la fermeture de l’usine de Tanger.
«Et si, une autre aggravation de la taxation venait à être appliquée, ce qui n’est pas exclu, c’est au tour de l’unité d’embouteillage de Marrakech qui sera fermée», confie Jean-Marie Grobois, directeur général du groupe.
Depuis 1990, la TIC a subi quatre augmentations successives. La dernière en date remonte à janvier 2010. Elle s’est traduite par une augmentation de 45% pour la bière, à 800 DH/hectolitre. Celle frappant les vins a atteint 450/DH/hectolitre et les alcools forts acquittent 10.000 DH/hl. La hausse de la TIC n’a pas épargné la bière sans alcool. Rien que sur les bières, le groupe des Brasseries du Maroc a versé 770,8 millions de DH en 2010 contre 628,3 millions. Ce montant englobe bien évidemment le produit de la TIC (800 DH/hl, la TVA spécifique (100DH/hl) et la contribution au Croissant Rouge (5DH/hl). Le tout est encore à majorer de 20% au titre de la TVA. C’est une taxe qui se greffe à cette cascade de prélèvements obligatoires. De fait, tous ces prélèvements représentent 60% du prix de vente de la bière en gros.
«Résultat, les prix de vente des principaux faiseurs ont augmenté entre 12 et 25% la bouteille selon la marque et la contenance», précise-t-on auprès du Groupe des Brasseries du Maroc. Mais la répercussion sur le consommateur a été plus forte. Le surcoût induit par les hausses de la TIC et du marquage sécurisé a fait grimper les prix au détail de 12% pour les bières et entre 12 et 15% pour les vins et spiritueux.
«Même, la consommation qui enregistrait une croissance à deux chiffres s’est inscrite dans un trend baissier malgré l’ouverture de nouveaux points de vente et la hausse des arrivées des touristes», déplore Grobois. Au total, 851.700 hectolitres de vins et bières ont été mis sur le marché par les Brasseries du Maroc en 2010 contre 960.000 hl l’année d’avant et 981.200 en 2009.
L’autre facteur qui explique le recul de la consommation tient au fait que, depuis trois ans, une partie de la saison estivale, où la consommation d’alcool bat son plein, coïncide avec ramadan. Et la situation doit encore se renouveler en 2012 et 2013. Durant ces deux années, le ramadan sera à cheval entre les mois de juillet et août. Conséquence, la baisse des volumes impacte aussi les recettes de l’Etat au titre de l’IS et de la taxation indirecte. Sans oublier les dégâts sanitaires qu’encourent le consommateur avec les boissons de fabrication artisanales et celles issues de la contrebande.
A fin octobre 2011, le produit collecté par les services des douanes et impôts indirects sur toutes les boissons alcoolisées a atteint 1,3 milliard de DH au lieu de 1,1 milliard à la même période de l’année précédente.
"l'economiste du 22/12/2011"
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